Maroc Echecs 2006

L’Année Echiquéenne au Maroc, Glossaire 2005

Le 11/08/2022

L’Année Echiquéenne au Maroc, Glossaire 2005.

  • Publié le lundi 9 janvier 2006.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan


Mmrian

Le Glossaire que vous voudriez bien consulter reste un simple jeu. J’ai voulu résumer à ma manière une année pleine de rebondissements. Il ne prétend absolument être exhaustif, car il a du suivre le cheminement des lettres alphabétiques... Les notices rédigées sont courtes, parfois fragmentaires, et alternent l’information, l’interprétation et l’humour... A lire toujours au conditionnel ! J’attends avec impatience vos propres commentaires.

A comme Amazal : Le président de la FRME aura été l’homme de l’année 2005 ! Et de quelle manière ! du scandale des conditions lamentables d’hébergement à Settat aux falsifications systématiques des dossiers d’arbitrage, en passant par les affaires Karim,Karima, Bouhdoun et Sebbar, sans oublier ses volte- faces envers notre GM Hamdouchi et le MI Tissir !

B comme Bakkali : « Si Mustapha », le vrai, a quitté le monde des mortels un mercredi 13 juillet 2005 à l’age de 81 ans ; Triple Champion du Maroc, ancien président de la FRME, il aura marqué une époque entière de l’histoire des échecs marocains. Son immense oeuvre resta malheureusement inachevée, sans évoquer les gâchis de l’actuel président en place...

C comme Chakroun(Mohamed) : Le dynamique sociétaire et actuel président de l’Association Marocaine des Echecs de Tétouan, a tout fait pour accueillir le 35° Championnat Individuel du Maroc, voulant même le baptiser Edition Feu Bakkali ; IL aura finalement « dirigé » une compétition nationale dans l’anonymat presque total ; A méditer.

D comme Daoudi (Kamal) : Notre champion junior, nouveau sociétaire du Raja Echecs, eut une prestation tout à fait honorable aux dernier championnat arabe junior, en Jordanie. Cependant son comportement anti- sportif lors de la 7° ronde du 35° championnat individuel à Tétouan face à Benaino, pose trop de questions ... Même son président « Rajaoui », présent dans la salle du tournoi, n’a guère apprécié un « geste » mal venu dans les circonstances actuelles...

E comme Elamri(Abdelhafid) : Notre M.Fide et Arbitre International, fut au four et au moulin durant cette année 2005. Faisant du club FUS Echecs une pépinière de champions, critiquant les dérapages du président de la fédération, appuyant la création d’une association marocaine des joueurs d’échecs, s’activant dans le domaine du journalisme échiquéen. seul ombre au tableau, la disparition de l’Open International de Rabat...

F comme FRME : Notre instance échiquéenne nationale a été tout au long de l’année dans l’oeil du cyclone. Son image s’est terriblement détériorée, auprès des joueurs d’échecs, du public et des médias, à cause de la série de gaffes, morales, organisationnelles et techniques que l’on sait. Seule initiative à enregistrer à son actif, le Tournoi International Feu Sekkat...

G comme Ghazi (Mustapha) : L’ancien responsable de l’information au sein de la fédération et actuel président du nouveau club Tétouan Smir, mérite la palme d’or de la volte face ! Sanctionné abusivement, en 2002, par le président Amazal, il réussit à soudoyer ce dernier, participa activement au tournoi Sekkat, s’imposa dans l’organisation du 35° championnat individuel malgré ses réticences premières. Mais surtout c’est son rôle au sein de la commission expéditive chargée de sanctionner Ali Sebbar qui fera date. Une victime devenue bourreau en quelque sorte !

H comme Hamdouchi : L’indiscutable numéro un marocain, le GM Hicham a, encore une fois, marqué cette année de son empreinte. Vainqueur au zonal de Taza, auteur d’une simultanée mémorable, record arabe, à Chefchaouen, participation honorable à la Coupe du Monde, en Russie , finaliste pour la deuxième fois consécutive au Grand Prix de Bordeaux face Fressinet ( après Karpov en 2004). Mais c’est surtout son absence fort regrettable du dernier championnat Individuel Arabe, qui a soulevé tant d’interrogations...Il faudrait chercher la cause coté Amazal !

I comme Ismael (Karim) : Ecarté injustement du zonal africain de Taza, le jeune espoir marocain aura beaucoup fait parler de lui, suscitant d’innombrables réactions de sympathie à travers ME. Il prouva sa valeur et son sérieux sur l’échiquier en s’imposant de très belle manière à la 4° Coupe de Chefchaouen, en présence des meilleurs joueurs nationaux, excepté Hicham...Il préféra par la suite clore une parenthèse ... bouda le 35° Championnat National Individuel et chercha à faire ses preuves, ailleurs, dans les compétitions européennes...

J comme Jelloul (Ben Dellal) : L’Arbitre International algérien et ami personnel de Monsieur Amazal s’est distingué par sa contribution « précieuse » à l’image du noble jeu au Maroc, en validant nombre de normes pour l’obtention du titre d’Arbitre international, dont celles avalisées au cours d’un championnat national ( 2002 à Casablanca) ou il’ na jamais mis les pieds, attestations enrichies par son élégante remarque écrite à main propre : « Bon comportement dans la salle du jeu » !

K comme Karyouch (Boujemaa) : Notre humble et sérieux échéphile mérite un grand K ; Il s’est dépensé corps et âme tout au long d’une trentaine année, écrivant, encadrant les jeunes, animant des stages, arbitrant diverses compétitions nationales pour se voir octroyé un « éphémère » titre d’Arbitre International en 1993, et assisté à la désignation effective par l’actuelle fédération de nombre de ses anciens disciples ...Il est grand temps de lui rendre dignité en 2006.

L comme Lameti (Mohamed) : Notre professeur et vice président de la FRME, a gardé un profil bas vis-à-vis de la crise fédéral actuelle ; Préférant tenir ses distances avec Monsieur Amazal, et se concentrer sur sa passion de jouer aux échecs. Il brisa le « silence des agneaux » observé par certains, en intervenant pertinemment sur le site Maroc-Echecs avec modération et éloquence...

M comme Maroc- Echecs : Ce site lancé en mars 2005, destiné aux joueurs marocains de tout bord, aura comblé un vide immense dans l’espace national. Couvrant l’actualité échiquéenne, encourageant les performances de nos joueurs, soulevant des débats passionnants, s’intéressant à l’histoire des échecs dans notre pays, organisant un tournoi hebdomadaire fort réussi en ligne, ce n’est pas par hasard qu’il fut salué par Notzai, parmi les sites échiquéens les plus performants de l’année 2005.

N comme Nabil (Doghri) : Le sympathique MF tunisien, aura été très déçu lors de ses trois derniers voyages effectués dans notre pays ; Une participation sans éclat au Trophée SM Mohamed VI (El Jadida août 2004) et un résultat très moyen (19° avec 5pts) au Trophée Feu Sekkat ; Mais c’est surtout à cause de sa norme de MI, arraché de lutte acharnée au zonal africain de Taza, et serait évaporée par la négligence de la FRME, qui a omis, pour des raisons obscures, d’envoyer les résultats officiels, à la FIDE.

O comme Onkoud (Abdelaziz) : L’ancien Champion du Maroc et « rédacteur en chef » de Maroc-Echecs, aura connu une année très fertile, à l’image des plaines de Doukkala ! Réalisant une quatrième norme de Maître International, gagnant une centaine de points Elo, rédigeant sur le site ME 282 articles en 10 mois, soit presque un article par jour ! Intervenant sur tous les sujets d’actualité, se passionnant pour les débats visant à améliorer les conditions du jeu au Maroc ; mais sans, pour autant, négliger ses activités d’encadrement des jeunes et son amour de la composition. Chapeau !

P comme « Pour qui sonne le glas » ? : Le titre du célèbre film interprété par Gary Cooper et Ingrid Bergman, basé sur le roman de Himmingway, résume bien la situation fédérale actuelle, à l’approche de l’Assemblée Générale. Devant la gravité de la falsification des dossiers d’arbitrage, révélée par Maroc -Echecs, chacun va essayer de jeter la responsabilité sur les autres. Alors pour qui le glas va sonner ? L’heure de vérité est imminente.

Q comme « Questions pour un Champion » : la fameuse émission de Julian Lepers, pourra constituer un modèle pour rédiger quelques questions à l’attention de notre président fédéral :

1- Qui a eu la diabolique idée de "confectionner" des normes pour les titres d’AI ?

2- Qui contacté les arbitres arabes pour cautionner les falsifications ?

3- qui a signé les PV fabriqués ?

4- qui a apposé le cachet de la FRME sur les PV ?

5 - Qui a envoyé le courrier à la FIDE ?

R comme Rrhioua (Tarik) : pardon d’abord pour une possible erreur dans l’écriture du nom de notre talentueux joueur et Webmaster du Site Maroc Echecs ! Même, s’il ne se manifeste que très rarement parmi les auteurs du site, sa contribution technique pour l’amélioration constante de cet espace échiquéen commun est fort perceptible. Tarik préfère se concentrer davantage sur ses études et ses tournois, ou il a réalisé de beaux résultas au cours de 2005.

S comme Sebbar (Ali) : à l’image d’Ali Baba dans « les mille et une nuits », Il aura été l’héro malgré lui de cette année 2005. Voulant quitter normalement le Raja Echecs pour rejoindre le club champion du Maroc, Ittihad Riadi de Casa, il eut un Niet catégorique de la part de son chef qui en même temps président de la FRME, ; harcelé par ce dernier, piégé en présence de certains témoins (non oculaires) privé de la participation au tournoi Feu Sekkat, et au 35° Championnat Individuel National, sanctionné arbitrairement par une commission expéditive et partiale, Ali fort de son droit, a fait appel devant qui de droit ; Espérons que la prochaine Assemblée générale lui rendra justice.

T comme Tissir(Mohamed) : Notre MI a confirmé tout au long de l’année 2005, sa place incontestable de numéro 2 marocain. Malgré une participation ratée au championnat arabe individuel, il remporta au Yemen le Grand Tournoi du Président face à une forte concurrence, et ajouta un troisième titre de Champion du Maroc à son palmarès de très belle manière. Il aura subi, lui aussi les foudres de M. Amazal, qui l’empêcha de prendre part au championnat individuel d’Afrique. Avec sa volonté et son sens de professionnalisme, il a toutes les capacités pour devenir le futur GM marocain.

U comme Uta Al Hamam (Chefchaouen) : Cette charmante et pittoresque place historique, a vécu la nuit de 28 juillet 2005, durant 5h 30 mn une simultanée mémorable de notre grand champion Hamdouchi, qui réalisa un vrai record national et arabe dans ce type spectaculaire de compétition, en affrontant 60 joueurs. L’assistance évaluée à plusieurs centaines de personnes, composée d’amateurs ou de simples et curieux touristes, contribua énormément à réchauffer l’atmosphère...

V comme Valeurs (sures) : Ils sont jeunes, parfois trop jeunes ; Il sont doués et ambitieux. Ils s’appèlent Ait-Hmidou, Nafri, Laghmari, Zerrouki, Elamri, Ait Latik, Bennani, Iraqui et autres. Ils ont tous prouvé leurs talents au cours de l’année 2005. On espère bien que laFRME, développe des structures adéquates pour encadrer et assister ces jeunes espoirs ; et que, surtout, les conditions d’hébergement et de restauration de Settat ne se reproduisent jamais !

W comme Watson : Il ne s’agit pas du biologiste américain (James) qui découvrit la structure de l’ADN , dont la prochaine AG aura peut être besoin d’utiliser ses procédés pour déterminer les falsificateurs... mais simplement du Docteur Watson, accompagnateur et disciple du célèbre détective Shorlock Holmes. « Elémentaire mon cher Watson » disait Holmes, Les indices découverts à travers le site de la FIDE n’auront point besoins d’analyses biologiques !

X comme X ! : Il n’aura pas plainte contre X, lors de cette future et cruciale Assemblée Générale ; Les falsificateurs sont maintenant connus de tout le monde ; Il y’aura par contre, comme toujours, des promesses, des machinations, des pressions et des justifications... A suivre.

Y comme Yougane (Jamila) : Seule Maître International Féminine (WIM) marocaine, elle n’aura pas, elle aussi, échappé à la fureur de notre président, en la privant de participer au championnat arabe féminin à Dubai, et aux championnats du monde jeunes à Belfort. Son appartenance au Club FUS Echecs, ou son refus d’intégrer le Raja (encore ?) serait derrière ses ennuis...

Z comme Zitane (Abdelhay) : Le sociétaire et membre de l’équipe Alouane Fannia, préférant travaillé souvent dans l’ombre, fut parmi les précurseurs des sites web réservés au noble jeu dans notre pays. Initiant et administrant le site d’Alouane Fannia de Chefchaouen depuis février 2004. Il réussissait à en faire une mine d’informations pour l’histoire de notre club. Ses contributions au site Maroc Echecs sont toujours enrichissantes et souvent pleines d’humour...

Mohamed Hossein Bahaoui, Portrait d’un Monument Discret...

Le 09/08/2022

Mohamed Hossein Bahaoui, Portrait d’un Monument Discret...

  • Par Mohamed Moubarak Ryan ,
  • Maroc Echecs le mercredi 29 mars 2006 & 19 Juillet 2007.


Mmrian

A soixante treize ans , Si Mohamed Hossein Soussi Bahaoui reste toujours le modèle de l’homme discret et serein, des qualités qui font très rares dans ces « temps modernes ». Chaque jour, selon un rythme qui semble inscrit dans ses gènes, on peut le côtoyer à sa place habituelle au Cercle l’Union ; Il est souvent entrain d’analyser une partie d’échecs tirée du périodique espagnol El Pais, ou tout simplement de contempler d’autres joueurs, intervenant parfois pour suggérer une suite gagnante, mais ne jouant que très rarement.

C’est dans ce "bastion" du jeu d’échecs au Nord du Maroc, lieu incontournable pour tous les amateurs d’échecs de Tétouan ou venus d’ailleurs, que le jeune adhérant Mohamed Hossein Soussi Bahaoui devait s’initier aux délices du noble jeu, vers la fin 1960 ou les débuts de 1961. Ce fut l’amorce d’une passion qui devait l’emporter très loin dans l’espace échiquéen marocain et qui reste, 45 ans après, toujours vivace.

Si Bahaoui va faire valoir rapidement ses talents de joueur positionnel et rationnel, et s’imposer surtout grâce à son sens de l’organisation et sa propension pour le travail minutieux et bien fait. Il se chargea aussitôt du Secrétariat Général de l’Association Marocaine des Echecs, (Al Haia Maghrebia)) ; Il fut parmi la délégation de Tétouan prenant part à la création de la Fédération Royale Marocaine des Echecs, (Fes 2&3 novembre 1963). Il assura le secrétariat administratif de cette jeune instance à deux reprises : la première lorsqu’elle élit siège à Tétouan, de 1965 à 1969 ; la deuxième de 1975 à 1981. Avec Feu Bakkali, il fera un couple efficace, concrétisant des idées qui étaient à de longueurs d’avance sur la réalité des échecs marocains à l’époque : Bakkali avec sa fougue, son expérience échiquéenne à haut niveau et son audace ; et Monsieur Bahaoui avec ses compétences administrative et technique, sa discrétion et sa réserve naturelles. C’est ainsi que le premier Championnat Individuel National verra le jour en juillet 1965 à Tétouan ; D’autres compétitions importantes vont lui succéder portant l’empreinte de si Bahaoui. Pourtant, celui-ci ne délaissait guère le jeu de compétition, car il a pris part à deux championnats individuels ( le 2° en 1968 et le 3° en 1968), avec des résultats moyens, participé aux olympiades de Lugano (Suisse 1968) et à la rencontre internationale Maroco-portugaise à Portimao à la même année.

Il continuait durant une bonne dizaine d’années à disputer au sein de son club les championnats et les compétitions nationales par équipes jusqu’à 1976, année oú il a pris part à la Contre Olympiade organisée par la Jamahiria de Libye. Il se consacrera, par la suite, presque exclusivement aux volets historique et technique du noble jeu, et s’adonnera à d’autres passions compatibles avec ses merveilleux dons de collectionneur. Il entamait dès ces débuts son projet monumental de mémoriser, cataloguer et rédiger l’histoire en marche de la FRME ; Son œuvre est devenue au fil des temps la seule référence crédible et valable pour note mémoire échiquéenne commune. Malheureusement, la première instance concernée n’a jamais voulu sérieusement éditer cet important ouvrage, objet pourtant une recommandation explicite d’une récente Assemblée Générale.

Mais Monsieur Bahaoui, malgré ses ressources financières limitées, celles d’un professeur qui vivait essentiellement de son salaire, jadis,d’enseignant en histoire géographie, et proviseur d’un lycée avant de prendre sa retraite , n’a pas attendu quelconque subvention pour publier , en 1972, son premier ouvrage intitulé : « Chadharat Mina Chatranje » (fragments du jeu d’échecs). Il fera date dans l’histoire de la littérature échiquéenne, nationale, puisqu’il est considéré comme le premier livre imprimé sur les échecs au Maroc. En 1981 Si Bahaoui, publia - cette fois sous l’égide de la Fédération- son pamphlet sur les « règlements du jeu d’échecs et les méthodes d’organisation de ses tournois » qui sera également le premier en son genre sur le plan arabe ! Il se distingue également en étant l’auteur d’un article fort intéressant dans la fameuse et (sérieuse)« Encyclopédie du Maroc » sur le « Mouvement échiquéen au Maroc, Hier et aujourd’hui » ( Voir Maâlamat Al Maghreb, Tome 16, 2002)

Ses écrits journalistiques, quoique occasionnels furent toujours précis et bien documentés ; Déjà en 1968 il publiait des chroniques d’échecs dans les journaux Al Alam et le quotidien ’officiel Al Anbaa. Actuellement il écrit régulièrement des articles concernant son autre passion, la botanique et les plantes médicinales, dans les pages du périodique régional TAMUDA. Il s’agit d’extraits d’un ouvrage relatif à cette discipline qui est encore manuscrit en attendant un futur éditeur !

Mais la passion qui semble prendre maintenant le dessus sur toutes les autres est la philatélie, dont Si Bahaoui dispose de collections inestimables concernant notamment le Maroc et l’Egypte, sans oublier, bien sûr, sa très belle collection de timbres d’échecs, que les participants à la 4° Coupe de Chefchaouen ont eu le plaisir d’apprécier. Outre ces activités savantes et raffinées, Ce personnage érudit reste un grand calligraphe, bien dans la lignée de sa famille connue pour ce don inné. Il a contribué à coté de son frère aîné feu Ahmed Bahaoui à calligraphier « Al Moshaf Al Hassani » parrainé par Feu Hassan II. Il publie de temps en temps quelques recueils des meilleures œuvres arabes dans Tamuda. IL a même entamé une expérience en sa qualité d’enseignant de la calligraphie au célèbre Institut National des Beaux Arts de Tétouan en 1997.

Toutes ces formidables facettes de la personnalité de Si Bahaoui sont méconnues de la plupart des échéphiles marocains, qui évoquent surtout l’image de l’Arbitre International intègre, rigoureux, compétent et courtois : Le Doyen ; celui qui a contribué à la formation de nombreux arbitres et cadres techniques nationaux à travers divers stages organisés par la FRME, et notamment le premier qui eut lieu en 1982 à Fes, le deuxième stage national en 1983 à Tétouan, et le troisième en 1990 à El Jadida ; Tous ceux qui ont participé dans les compétitions nationales organisées de 1965 à 1986 ne peuvent dissimuler la sérénité et la quiétude qui découlent de la présence de Si Bahaoui au sein de tout staff technique. Notre premier Arbitre International Marocain ( titre discerné par le FIDE en 1981) reste le modèle par excellence de tous les arbitres qui méritent et respectent les charges qu’ils assument.

Quant aux autres activités parallèles : conférences, expositions, tables rondes, qui touchent tous ses domaines de prédilection : Echecs, Calligraphie, Philatélie, botanique et plantes médicinales, il serait difficile d’énumérer toutes ses participations à Tétouan comme à travers les diverses villes du Royaume.

Si Med Bahaoui demeure toujours Président Honoraire de l’Association Marocaine des Echecs titre symbolique qu’il porte depuis 1974 ;.Il a reçu plusieurs distinctions dont celui de l’Association des Amis de la Presse Sportive en 2001.La FRME lui a rendu hommage à deux reprises : en 1988, à Fes, à l’occasion du 25° anniversaire de sa création, oú si Bahaoui en sa qualité de SG de l’Association la Colombe Blanche de la philatélie fut derrière l’oblitération d’un timbre postal commémorant l’événement ; et en 2002 à Tétouan à l’occasion du 1° Festival National des Echecs de l’Enfant.

De tels hommages sont louables mais à caractère symbolique ; La meilleure façon de pérenniser l’œuvre de Si Bahaoui est d’éditer le plus rapidement possible son ouvrage monumental sur l’Histoire des Echecs au Maroc

Abdelwahed El Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

Le 08/08/2022

Abdelwahed El Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

  • Hommage & Témoignage
  • Publié le lundi 16 octobre 2006.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan


Mmrian

1976 ; Un professeur vient de faire son entrée dans une classe de l’Ecole des Sciences de l’Information (ESI) ou je poursuis mes études universitaires. Il s’agissait, c’est vrai, d’une matière accessoire parmi d’autres (la géographie), mais l’assistance fut tout de suite séduite par l’amour que porte l’enseignant à sa discipline, en l’occurrence Abdelwahed El Fassi Fihri, et la manière alléchante avec la quelle il explique les phénomènes géologiques, sa grande spécialité, aux jeunes étudiants. En outre l’homme est courtois, affable et déborde de gentillesse. Mais je ne pourrais imaginer, à l’époque, que derrière cet aimable personnage se cache un échéphile passionné et grand amateur du noble jeu dans tous ses états. Notre connaissance fut donc limitée aux relations habituelles étudiant/enseignant.

En octobre 1982 je rejoigne la même institution à Rabat pour y compléter mes études supérieures. A la même année, en décembre à Casablanca, je remportai mon premier titre de Champion du Maroc… Il y eut une Assemblée Générale de la FRME, présidée alors par Feu Mustapha Bakkali. Quelle fut ma surprise de remarquer la présence parmi l’assistance de Monsieur Abdelwahed Fassi, à côté de son cousin président du Club Atlas de Mohammedia. Ce fut immédiatement les accolades d’usage et l’amorce d’une nouvelle et réelle amitié, fruit de ces retrouvailles « échiquéennes » inespérées !

Il m’a aussitôt invité à sa villa sise « 55, Avenue Alaouiyine » pour approfondir notre connaissance et échanger notre bagage échiquéen ! Je ne voudrais pas m’attarder ici sur son sens de l’hospitalité et sa générosité naturelle, car sa maison était largement ouverte aux nombreux joueurs et dirigeants des clubs d’échecs marocains ; Ils étaient toujours reçus avec attention et délicatesse, quelles que soient les motifs de leurs visites. Je fus tout d’abord impressionné par sa bibliothèque échiquéenne qui recèle des ouvrages de grande qualité, la plupart en langue française, comme « Mon système » de Nimzovitsh ou bien « les Prix de beauté aux échecs » de F. Le lyonnais, mais aussi en d’autres langues. Sa culture en matière d’échecs me sembla sans limites tant qu’il était capable d’étaler, de mémoire, des centaines de variantes d’ouverture, et d’évoquer en détail la vie et les œuvres d’anciens champions. Sa connaissance de la vie échiquéenne marocaine fut limitée à l’époque, fautes de contact avec la FRME et les lacunes habituelles dans la communication fédérale. Mais il connaissait d’ouie, tous les grands joueurs nationaux, tels que Bakkali, Bennis, Kaderi, Nejjar, Chorfi, Abbou Marrakchi, Sbia et autres Ait Hmidou…sa Culture Générale, consolidée par une mémoire d’éléphant, forçait l’admiration. Des événements, des lieux, des dates, des citations sont souvent évoqués avec précision sans faille et détails.

Je résidais alors dans un petit hôtel au centre ville « Splendide » ; Il venait régulièrement me chercher et m’inviter chez soi afin de disputer quelques parties amicales et discuter essentiellement des échecs. Mais on parlait aussi de sujets divers, tant qu’il y’avait souvent d’autres invités parmi sa grande famille et ses amis. J’appris que Feu Abdelwahed fut initié au noble jeu par son père, l’éminent savant, investigateur, authentique nationaliste et Homme d’Etat, Si Mohamed Fassi.. « L’Historiographe du Royaume », Abdelwahab Benmansour, nous informe dans son ouvrage biographique« Hassan II : Vie et Œuvres » que c’est Med Fassi lui-même qui a enseigné le jeu d’échecs au monarque défunt. Discipline indispensable pour toute éducation royale.

Feu Abdelwahed était ravi de faire la connaissance de nombreux échéphiles, dont certains sur ma propre initiative, comme Abdlhafid Elamri, Noureddine Majdoubi, Abbou Marrakchi, que j’avais souvent l’occasion de rencontrer au sein du célèbre « Cavalier Blanc » de Rabat. D’autres joueurs vont bientôt approcher cet amateur passionné, toujours disponible à jouer d’interminables parties, jusqu’à l’aube s’il le fallait !

Vu son amour pour le noble jeu, sa situation sociale et ses relations au plus haut niveau, certains le sondaient déjà, pour assumer la présidence de la FRME. En homme humble et modeste, il estimait qu’il ne peut prétendre à une telle fonction et prendre la place de Feu Bakkali qu’il respecte beaucoup. Mon point de vue fut qu’il devrait d’abord investir ses relations pour doter la capitale d’un fort club d’échecs, et s’habituer aux rouages fédéraux et aux problèmes concrets de la scène échiquéenne nationale. Cela ne l’a pas empêché de proposer ses louables services pour aider la Fédération à résoudre certaines difficultés ; Son apport fut décisif lorsqu’il s’agissait alors de mettre la pression pour faire reconnaître les échecs en tant que discipline sportive à part entière. Je me souviens de notre entrevue avec l’ancien Ministre de la Jeunesse et Sports Abdellatif Semlali, un jour d’automne 1984, où il défendit bec et ongles la cause du noble jeu, et déploya des trésors d’arguments pour dissuader le Ministre réticent. Processus qui va trouver une fin positive lorsqu’il accéda en 1988 à la présidence de la Fédération.

Les circonstances ont peut être guidé Feu Abdelwahed, sans l’avoir vraiment cherché, vers la présidence de la FRME. Ainsi suite à l’élection de Monsieur Mohamed Haloui à la tête de la Fédération, en décembre 1986, face à Feu Bakkali, la scène échiquéenne allait rapidement vivre une période de fortes turbulences - pour des raisons que je ne voudrais point évoquer ici – menaçant de dilapider les acquis de l’ancienne équipe fédérale et de scinder en deux la famille échiquéenne marocaine, toujours fragile. La majorité des clubs ayant exigé la tenue d’une assemblée extraordinaire pour trancher sur la crise actuelle, Feu Abdelwahed, fut tout naturellement approché pour prendre en main la destinée de la FRME, étant la seule personnalité échéphile pouvant calmer les esprits, rassembler les bonnes volontés, et espérer un avenir meilleur. Le 3 avril 1988 allait donc marquer le début d’une nouvelle expérience de gestion directe des affaires fédérales, pour cet homme plein de bonté et de gentillesse, à tel point que d’aucuns diraient à l’époque qu’il est « trop bon » pour affronter les problèmes, les complications et les antagonismes du champs échiquéen marocain.

Cette expérience ne dura malheureusement que deux ans ; Une période trop courte, à mon avis, pour formuler un jugement juste et objectif. D’autant plus que le Président et sa nouvelle équipe (dont l’ossature fut constituée de Messieurs Abdelhafid Elamri, Abdelmajid Rian, Noureddine Majdoubi, Othman Alami et Rghioui) devait d’abord remettre de l’ordre dans l’Administration fédérale suite à la crise susmentionnée ; et affronter ensuite un grave différend survenu dès novembre 1988 avec Monsieur Elamri, dans des circonstances fâcheuses dont l’évocation déborderait le cadre de ces propos ...Neanmoins, ce trop court mandat constituait une réussite à plusieurs égards. Feu Abdelwahed prit son bâton de pèlerin pour faire le tour du pays, encourageant la création de nombreux clubs un peu partout ; Il organisait deux championnats nationaux individuels, le 18° et le 19° (en 1988 & 1989 à Rabat et Casablanca) dans des conditions acceptables malgré la carences des moyens financiers ; Le point d’orgue de cette année fut la célébration, à Fes, du "Jubilé d’Argent" de le FRME au sein du même hôtel (Zallagh) oْ elle fut fondée le 2 novembre 1963 ; La Direction de la Poste oblitéra à cette occasion un timbre poste commémorant ce 25ème anniversaire, une première en son genre ! La phase finale du Championnat par Equipes qui eut lieu à Rabat en mars 1990, et remporté par Régie Tabacs fut une belle réussite ; Sur le plan technique, le Séminaire de Formation d’Arbitres organisé à El Jadida en mai 1990, a connu un grand succès avec la participation de 38 candidats, dont certains obtiennent leur titres d’arbitres nationaux. Sous son impulsion, Casablanca, allait vivre un grand événement international, le Tournoi de Son Altesse Royale le Prince Héritier en octobre 1988, organisé par l’Association des Navigants Techniques de la RAM.

Aussitôt après ce mémorable tournoi, l’Equipe Nationale va prendre part aux 28° Olympiade de Thessalonique en Grèce grâce aux efforts déployés par le Président et l’apport de la RAM. Feu Abdelwahed et Madame Kamar El Abdelaoui, qui a toujours épaulé son mari dans sa mission ont fait le déplacement, réconfortant matériellement et moralement l’EN, conduite par le nouveau Champion du Maroc Hicham Hamdouchi (16 ans !). Tout au long de ce voyage nos joueurs ont apprécié les qualités humaines et le sens de l’écoute de Si Abdelawahed et son épouse. A Salonique ce fut également l’occasion pour le Président de la FRME de multiplier ses contacts, qui vont aboutir à la création de l’Union Maghrébine des Echecs, et l’organisation, ensuite à Oujda en mai 1990 du Premier Championnat Maghrébin par Equipes Nationales.

Fatigué par deux années d’intenses activités, et diminué physiquement par ses problèmes redondants de santé, Feu Abdelwahed décida, à la surprise générale de ne pas briguer un deuxième mandat (fixé alors à deux ans) à la tête de la Fédération ; Il remit le relais à son Vice- Président Feu Kamal Skalli, au terme de l’Assemblée Générale ordinaire tenue en septembre 1990. La FRME allait ainsi rebrousser chemin à Casablanca, mais l’expérience personnelle de feu Kamal sera de courte durée dans des circonstances différentes et bien pénibles.

Feu Abdlwahed n’abandonnait guère son hobby préféré, ni son engagement pour promouvoir les échecs marocains. Immédiatement après son départ, nous fûmes surpris et ravis de le retrouver, parmi l’Equipe Nationale qui a fait le déplacement à Novi Sad pour disputer la 29° Olympiade en ex Yougoslavie (1990), et réconforter par sa présence « bénévole » l’ensemble des joueurs. C’est cette disponibilité permanente qui était le trait le plus touchant chez cet humble personnage, qui tenait toujours à répondre favorablement et gentiment aux invitations des clubs à travers le Royaume, à l’occasion d’activités échiquéennes ou autres. Ainsi nous avons eu beaucoup d’occasions de le recevoir à Chefchaouen oْ il se sentait bien. Il fut, notamment, notre invité d’honneur lorsque l’Association Alouane Fannia prit l’initiative d’organiser la première Rencontre Maghrébine par Equipes en juillet 1991.

Après son éloignement de la gestion échiquéenne pour des raisons personnelles, nos occasions de rencontres directes sont devenus plutôt rares. Mais on se téléphonait de temps en temps, notamment à l’occasion des fêtes religieuses. En 2001, emporté par son amour éternel du noble jeu et sa volonté d’assainir et servir la FRME, il se porta candidat à sa présidence . La majorité des clubs lui a préféré un certain Monsieur Mustapha Amazzal, nouvelle figure pleine de promesses. Il réitéra sa tentative, quatre ans après, face au même Amazzal sans succès, signe des temps... Dans les deux cas, je ne fus pas associé à son projet et n’étais point au courant de ses motivations ni de ses véritables chances de réussite.

Feu Abdelwahed El Fassi Fihri aura gardé un goût amer de cette ingratitude ; notamment lorsqu’elle émane de certaines personnes qui lui ont assuré leur fidélité et garanti leur appui. Il préféra donc tirer les rideaux sur la scène désolante des échecs marocains actuels, et se contenter de jouer pour les plaisir d’interminables parties nocturnes, avec un cercle restreint d’amis échéphiles…Que Dieu l’ait en sa Sainte Miséricorde.

 

 

 

 

Abdelwahid Fassi Fihri tel que je l’ai connu...

17 octobre 2006 , par Boujemâ Kariouch

Merci cher Moubarak pour ce témoignate et hommage de Feu Abdelouhed Fassi Fihri. Je me joint également à toi pour donner un hommage personnel et celui de Khémisset au Défunt. Abdelhouahed Fassi Fihri n’est plus. Mais il gardera sa place dans notre mémoire. L’homme était vraiment spécial quoi qu’il fut une grande personnalité nationale, un membre d’une grande famille également très spéciale en celà qu’elle se mélange avec l’histoire de notre pays.

Par quatre fois Feu Abdelouahed à répondu aux appels du club IZ Khémisset et par quatre fois il nous a honorer de sa présence lors de manifestation locale. Il nous rendait grand auprès des autorités et responsables locaux qui ne retenait que le prestige de son nom et de sa fonction au Cabinet Royal.

La modestie dans un homme d’une telle envergure, c’est ce qui m’a le plus touché en lui. On ne peut nier son apport en faveur des échecs marocains. Il a posé certains jalons sur lesquels notre discipline pouvait prétendre se lever. Il à montrer l’exemple et puis s’est retiré par la grande porte.Si seulement il était resté à son poste, sans doute notre sport aurait connu un meilleur sort que celui d’aujourd’hui. Dans cet homme qui fut toujours soutenu par une femme, elle aussi très spécial et qui assistait aux compétitions nationales, il y avait du sérieux, de l’humour à en revendre et une approche qui dégelait les plus timides qui n’osait lui parler. Malgré la pression de ses amis il ne voulait pas assurer la présidence de la Ligue du Gharb qui aurait pu lui servir de tremplin vers la présidence de la FRME contre Amazal. Son absence de la scène échiquéenne nationale, malgrè quelques apparitions ici et là à l’occasion de championnat,ne l’avait pas avantagé.

A chaque rencontre avec lui, il écumais contre Amazal, il nous étalait les disfonctionnements qui émaillaient la FRME, en faisant comparaison avec la période de sa présidence 1988/1990.

Sa maison était ouverte tout le temps lors de sa présidence. Qui n’a pas déjeuner ou dîner cher lui à sa villa avenue Alaouiyne à Rabat. Qui un jour n’a pas été herbergé la nuit et qui n’est pas passé par la scéance de"Blitz" sous son humour.

Lors de l’organisation des championnats ou tournois nationaux il était partout avec tout le monde, discutait, palabrais, suggèrait et se faisait plaisir d’être présent au milieu des échecs marocains.

Son désire de reprendre du travail à la tête de la Fédération n’avait d’égale que sa volonté de poser, cette fois, une base solide au profit de notre sport.Il avait eu de nouvelles idées en ce qui concerne l’organisation générale de la Fédération.

L’amertume il l’a toujours connu au sein de notre discipline car c’est une caractéristique des échecs marocains à l’instar des autres sports nationaux. Et c’est un peu à cause de celà qu’il a quitté la présidence en 1990 au profit de Feu Kamal Skalli. Il savait que les échecs marocains allaient se casser la gueule. Il avait raison.

Les échecs à Khémisset n’aurait pas été ce qu’il sont aujourd’hui. C’est grâce à lui que le club Faras puis l’Ittihad Zemmouri de Khémisset, section Echecs ont pu évoluer sérieusement.

Son départ final est regretable pour notre sport. Mais il était inévitable. Car chacun de nous attend son départ vers un autre monde.

A bientôt Abdelouahed Fassi Fihri garde nous quelques une de tes bonnes idées et remarques.

Boujemâ Kariouch

 

Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan

Le 06/08/2022

Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan

  • Article publié le dimanche 1er janvier 2006.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan

Mmrian

Le Championnat National Individuel du Maroc qui se déroule actuellement à Tétouan en est à sa 35° édition. La ville de la Colombe Blanche, véritable pionnière des échecs dans notre pays, en aura accueilli sept. Mais c’est le 1° Championnat qui restera dans l’histoire en tant que première manifestation officielle de la FRME organisée à l’échelle du Maroc entier.

La FRME créée en novembre 1963 à FES, demeurait immobile pendant une bonne période et c’est à l’Association Marocaine des Echecs de Tétouan, qui fêtera cette année 2006 son 50° anniversaire, que revient le mérite de prendre l’initiative de célébrer notre premier championnat individuel.

Sous l’impulsion de Feu Mustapha Bakkali, dirigeant dynamique, talentueux joueur, habitué des tournois espagnols, et Monsieur Houssein Bahaoui, échéphile d’une grande compétence administrative et rigueur technique, l’Association Marocaine profita de la tenue de la Foire de Tétouan, en été 1965, pour proposer l’organisation d’un premier championnat du Maroc ; La jeune FRME dont le siège est alors à Fes donna son feu vert à Tétouan pour concrétiser ce rêve.

Le comité d’organisation coiffé par feu Abdelkrim Bennouna président du Club l’Union, prit l’initiative d’écrire au Cabinet Royal pour solliciter son parrainage et autoriser de baptiser ce championnat au nom de son Altesse Royal le Prince Héritier Sidi Mohamed . Grâce à leurs contacts de haut niveau, l’autorisation royale fut rapidement obtenue, offrant une Coupe Officielle portant le nom du Prince . Cependant, personne ne pensait alors à prévoir des prix en espèces. C’est l’époque de l’amateurisme pur !

Huit joueurs, parmi l’élite nationale, représentant 6 villes du Royaume, ont finalement pris par à ce tournoi, qui s’est déroulé du 24 juillet au 1° août 1965, dans les locaux du Club l’Union, lieu de prédilection des joueurs de Tétouan, en présence effective et régulière du Gouverneur de la Province, Monsieur Hossein Ayachi. Le Championnat fut organisé selon le système toutes rondes, avec 40 coup/ 2h et une heure pour achever la partie ; Le règlement de la FIDE fut de vigueur, appliqué strictement par l’arbitre principal, Monsieur Bahaoui. Le public fut nombreux et pouvait suivre à travers les échiquiers de démonstration ! les quatre parties quotidiennes.

C’est finalement Feu Bakkali qui sera Premier Champion officiel du Maroc avec 6 poins sur 7.

le classement :

  • 1.Mustapha BAKKALI (Tétouan)6 sur 7.( Coupe de SAR)
  • 2. HADRI (Tanger) 5. (Coupe du Gouverneur)
  • 3 Mohamed BELARBI (Casablanca) 4,5
  • 4 Ahmed BENNIS (Fes) 3,5
  • 5. Idriss BENABUD (Tétouan) 3
  • 6. Mokhtar KADERI (Fes) 2,5
  • 7. Hossein BENNIS (Rabat) 2,5
  • 8. Abou MARRAKCHI (Salé) 1

Parallèlement à ce championnat, une compétition inter villes fut organisée 31 juillet et 1° août avec la participation de 8 clubs ( Sebta, Larache, Fes, tétouan, kénitra,Casablanca, Ksar El Kebir, et Salé). C’est l’équipe de Sebta qui obtint la première place et remporta la Coupe de la Direction de la Jeunesse et Sport , suivie de Larache (Coupe de la Foire de Tétouan), et Fes (Coupe de l’Association Marocaine de Tétouan)

Le premier Champion National Feu Bakkali, devait remporter le deuxième championnat individuel organisé l’année suivante à Tétouan, et gagner son troisième titre à Rabat en 1973. Il fut un échéphile dévoué, à l’affût de nouvelles idées ; C’est lui qui mettait la Fédération sur les rails, appuyé toujours par un homme discret, de valeur Monsieur Mohamed Houssein Bahaoui qui mérite toutes les louanges. C’est grâce à lui que j’ai pu recueillir les informations qui constituent la matière première de mon modeste article.

Quarante après, la comparaison entre le premier championnat et cette 35° édition est fort éloquente. Je laisse le soin au président en exercice de la FRME et les organisateurs de cette compétition nationale suprême de tirer leurs propres conclusions...

 

L’ Apport de Driss Benabud

Le 02/08/2022

L’Apport de Driss Benabud

  • Par Mohamed Moubarak Ryan
  • Maroc Echecs le vendredi 20 janvier 2006.


Mmrian

Le site Maroc-Echecs dédie son 35° tournoi hebdomadaire à Feu Driss Benabud ; C’est l’occasion d’évoquer la mémoire de l’un des pionniers des échecs nationaux, qui était considéré, à juste titre, comme le « Père du jeu d’échecs dans le Nord du Royaume ». Bien que je ne sois pas le mieux habilité à parler de ce grand personnage, j’espère bien que d’autres contributions plus étoffées, viennent enrichir mon modeste article.

Feu Benabud naquit, selon ses proches, vers 1911 et meurt en 1969 à l’age 58 ans. Il était affaibli par la maladie, atteint d’une paralysie partielle qui affectait ses activités échiquéennes dans la fin des années soixante.

Pionnier des échecs dans notre pays, il le fut en tant que premier marocain ayant intégré les cercles espagnols « fermés » à Tétouan dans les années trente, et excellé dans le jeu d’échecs « Roi des Jeux », une activité intellectuelle réservée surtout à une élite des fonctionnaires et militaires espagnols qui occupaient alors, la zone nordique de notre pays. Il était impensable qu’un « indigène » puisse disputer les premières places aux maîtres des lieux jusqu’à remporter plusieurs fois le championnat de la zone ! Si Driss en était très fier. Il suffit de contempler la photo de sa simultanée, publié par A. Onkoud dans le site, pour s’en apercevoir ; Un marocain habillé de sa Djelleba traditionnelle est en face à une douzaine de joueurs, dont la plupart sont espagnols, cravatés et habillés tous à l’européenne. Ce fut certainement un acte de patriotisme de la part d’un citoyen nationaliste, mais qui n’hésitait pas à épouser la modernité.

Feu Benabud, fut certainement le premier marocain à avoir étudié la théorie échiquéenne moderne,relative notamment aux ouvertures, éditée essentiellement en langue castillane. Certes dans l’aristocratie traditionnelle, à Fes, Tétouan, Salé, Rabat, Marrakech et autres villes historiques du Royaume, on jouait aux échecs, souvent avec passion ; mais les règles du jeu étaient parfois différentes ; par exemple on povait pousser deux pions d’une seule case dans l’ouverture ; la prise en passant n’existait pas etc... rares sont ceux qui connaissaient la notation d’une partie d’échecs ; Les ouvrages rhéoriques,les recueils de parties contemporaines, surtout en langue arabe, n’étaient point disponibles.

En outre Si Driss allait entraîner dans son sillage de nombreux joueurs talentueux dont Feu Bakkali, Hadri, Belarbi, Foukkai et autres. Ce fut l’exemple à suivre. Et ce n’est donc pas par hasard que le premier championnat national individuel eut lieu à Tétouan en 1965, car c’était le prolongement naturel des activités échiquéennes organisées par le protectorat espagnol dans la zone nordique.

Si Driss Benabud était un joueur classique au vrai sens du terme. Ceux qui l’ont connu le décrivent comme un joueur prudent, très appliqué, respectueux de ses adversaires, qui réfléchit longuement avant d’agir ; son style positionnel trouvait son prolongement chez feu Kadéri et Hadri et non chez Feu Bakkali (son disciple), joueur d’attaque par excellence. Son répertoire d’ouvertures que l’on peut déceler à travers la trentaine de parties que j’ai consultée, reflète cette attitude orthodoxe. Avec les blancs il joue indifféremment e4 et d4, mais son traitement est peu entreprenant, préférant les schémas simples, développant rapidement ses pièces et ne craignant pas les échanges réducteurs. Avec les noirs il opte souvent pour la défense Caro kan ! qui est l’arme usuelle de tout joueur positionnel ; contre d4, il restait fidèle aux systèmes classiques du Gambit Dame refusé, jouant parfois la Slave, mais refusait toujours de s’aventurer dans la Nimzowitsh ou l’Est Indienne. Très laborieux en milieu de partie, fort habile en finale avec une technique implacable qui suscitait l’admiration des joueurs espagnols de sa génération.

Deux Parties Choisies

Monsieur Onkoud a eu la judicieuse idée de chercher et publier à travers le site les 15 parties jouées par Feu Benabud aux olympiades de La Havane (Cuba 1966) et son unique partie à Lugano (Suisse 1968) ou il était déjà souffrant. Pour ma part, j’ai fouillé dans mes vieux papiers ou j’ai pu trouver la substance des parties disputées par Benabud lors de son Premier championnat individuel d’Espagne (1944- 1945) auquel il a pris part en sa qualité de champion de la Zone du Protectorat Espagnol. J’en ai sélectionné deux que j’estime représentatives du style de notre défunt champion .

PREMIERE PARTIE.

Championnat Individuel d’Espagne 1944-1945

Rodenas - Driss Benabud

Défense des deux Cavaliers

1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Cf6 4.d4 exd4 5.0-0 Cxe4 6.Te1 d5 7.Cxd4 ?!Meilleur est 7. Fxd5 Dxd5 8. Cç3 Dxa4 9. Cxe4 Fe6 ; avec un léger avantage blanc.Cxd4 8.Dxd4 Fe6 9.Fd3 Df6 !?Si Driss évite ainsi toutes les complications découlant de 9...Fç5 10. Dxg7 Fxf2 + (10... Dh4 !? est aussi envisageable) 11. Rf1 Tf8 12. Te2 Fb6 13 Cç3 f5 avec une position prometteuse mais compliquée et incompatible avec son style de jeu !10.Da4+ Fd7 11.Txe4+ dxe4 12.Dxe4+ De6 13.Cc3Accepter l’échange des Dames dans une telle position est un aveu de faiblesse ; Il fallait se décider pour 13. Dxb7 Fc6 14. Dxç7 Fc5 15. Da5 Td8 ! 16. Dxç5 Txd3 17. Fd2 Td6 18. De3 ?! Dxe3 ! fxe3h5 !?, avec un équilibre matériel et des meilleures chances pour les noirs.Dxe4 14.Cxe4 Fe7 15.Ff4 c615... 0-0-0 coup logique et plus entreprenant qui permet d’accélérer l’attaque, mais il ne cadre pas avec la prudence naturelle de Benabud16.Cd6+ Fxd6 17.Fxd6 Fe6 18.c4Un renforcement bien artificiel en anticipation du coup suivant des noirs. 18. Fc7 est légèrement meilleur.Rd7 19.c5 f5 20.b4 Nouvelle imprécision : 20. Fe5 eut été préférable.b5 ! 21.a4 a6 ?!Prudence jusqu’aubout ! 21...a5 ! aurait écourté rapidement la partie.22.a5 The8 23.Td1 g6 24.Fe5 Fb3 25.Fxf5+ Re7 ?! 26.Td7+ ?L’erreur finale decisive. Il fallait jouer 26.Tb1 attaquant le Fou blanc et conservant l’équilibre matériel.Rf8 27.f4 gxf5 28.Txh7 Ff7Trop modeste. 28... Ta-d8. est plus efficace.29.h4 Txe5 !Simplifie la position en rendant une qualité et entrant dans une finale sans problème. Il faut rappeler qu’il s’agit de la première partie jouée par Benabud dans ce championnat...30.fxe5 Te8 31.Th6 ? Te6 ! 32.Th8+ Fg8 33.Th5 Txe5 34.g4 Ff7 35.Th8+ Fg8 36.gxf5 Txf5 37.Th6 Fd5 38.Th8+ Rg7 39.Ta8 Tf4 40.Txa6 Txh4 .41 Abandonne.


 

DEUXIEME PARTIE

Championnat Individuel d’Espagne 1944-1945

Driss Benabud - Liorens

Défense française

1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Cf6 4.exd5 Une suite très modeste par rapport aux coups 4. e5 ou Fg5, habituels dans cette position de depart.exd5 5.Cf3 Fg4 6.Fe2 Fd6 7.Ce5 7. Cb5 est la réplique logique, Mais si Driss voulait manifestement simplifier la position face à ce fort joueur espagnol à l’époque.Fxe2 8.Dxe2 0-0 9.0-0 Cc6 10.Cxc6 bxc6 11.Fg5 h6 12.Fh4 Te8 13.Df3 Tb8 !? 14.Fxf6 Dxf6 15.Dxf6 gxf6 16.b3 Fb4 ?!(Meilleur est 16... Te6) 17.Cd1 ! Fd2 18.Ce3 !Rg7Triste nécessité, car troquer le pion f6 contre e3 et l’ouverture de la colonne f tournerait à l’avantage des blancs.19.Cf5+ Rg6 20.g4 Fc3 21.Tad1 Te2 22.Td3 !Un coup subtil qui démontre l’habileté technique de Feu Benabud !22...Fb4Constat d’échec ! 22... Txç2 ? 23. Ce3 ! gagne une pièce.23.Th3 Ff8 24.Tc3Après avoir maîtrisé son aile Roi, Benabud transpose sa Tour à la recherche et la création d’autres faiblesses à l’Aile Dame.24...Tb6 25.Td1 Te4 26.f3 Te2 27.Cg3 Te8 28.h4 Fb4 29.Tcd3 Fd6 30.Cf5 h5 31.Rf2 Ff4 32.Te1 Te6 33.Te2 Fd6 34.Tde334.c4 ! est nettement plus fort ; après 34...Txe2+ 35 Rxe2 les blancs obtiennent une meilleure position. 34...Tb8 tournerait àl’avantage blanc, car 35. Cxd6 çxd6 (35... Txd6 36. Te7) 36.cxd5déformant la structure des pions noires.Txe3 35.Txe3 c5 36.Te8 hxg4 37.fxg4 cxd4 38.h5+ Rh7 39.Re2 Fe5 40.Te7 Rg8 41.Ch6+ Rf8 42.Txf7+ Re8 43.Tg7 Tc6 44.Rd1 Tc3 45.Cf5 Th3 46.h6 Th1+ 47.Re2 Th2+ 48.Rf3 Th3+ 49.Rg2 Th2+ 50.Rg1 Txc2 51.h751. Te7 + suivi de 52. Txe5 et le pion h est promu sans problème, mais le coup du texte gagne également...Tc1+ 52.Rf2 Tc2+ 53.Rf3 Tc3+ 54.Re2 Tc2+ 55.Rd1 Th2 56.h8=D+ ??


 

Un lapsus terrible qui ne sera jamais oublié par Feu Benabud ! évidemment notre champion voulait jouer 56.Tg8 + suivi de 57. h8= D !

Txh8 57.b4 Th1+ 58.Rc2 Th2+ 59.Rb3 d3 60.g5 Tb2+ 61.Ra4 Txa2+ 62 ... abandonne au 70° coup.

Pour l’histoire, ce championnat d’Espagne sera remporté par le MI Antonio Medina. Liorens fut deuxième...tandis que le jeune prodige Artur Pomar fut quatrième.