Regard froid sur une saison moribonde
Maroc Echecs 01 août 2010
Par Mohamed Lameti
Déchéance, décrépitude, déconfiture, fiasco… difficile de choisir les termes pour qualifier la saison qui s’achève.
Dans un paysage piteux et de désolation, une lueur d’espoir a brillé avec mille éclats à Marrakech. Un terme est souvent revenu dans les propos et les commentaires des échéphiles : un rêve.
Mais la réalité a dépassé l’expression la plus extrême d’un désir nocturne. Un travail de professionnel assisté par une équipe dynamique et motivée.
Merci Monsieur Houari , et TOUS nos amis de Marrakech. L’exposé exhaustif de notre ami Arif sur cet événement grandiose, complété par un commentaire de Monsieur Houari, ont révélé les secrets de cette belle réussite. Je me permets d’ajouter un autre facteur, empreint peut-être d’un sentiment personnel hérité d’une déception toujours recommencée, la convivialité.
Le tournoi a baigné dans une ambiance sereine, amicale où seules la dimension ludique et les émotions des parties, l’accueil chaleureux et l’hospitalité du staff d’organisation ont dominé.
Chefchaouen, quelques jours après la clôture de cette fête, allait nous réserver un plat de choix, avec des progrès enregistrés à tous les niveaux d’organisation.
Un tournoi qui figurera désormais dans les annales des échecs marocains et dans les agendas de nos meilleurs joueurs et de ceux de participants étrangers dont la liste ne cesse de s’allonger.
Nos amis de Chefchaouen ont la chance de disposer d’une équipe homogène et diversifiée, avec des gens cultivés, des hommes de principe, des personnes dynamiques, disponibles et aimables. Des atouts qui constituent le meilleur gage pour assurer des éditions prochaines en amélioration constante.
Les échos sur les échecs (dans un sens autre que celui qui nous est si cher) à répétition des manifestations accaparées par des personnes en perte de légitimité sont venus parfois troubler et entacher la quiétude du tournoi de Chefchaouen. Les exemples abondent, et il n’est nul besoin de s’attarder sur les détails de ces simulacres de compétitions ratées.
Seulement, on est en droit de s’interroger sur la nature des subterfuges pour « valoriser » après coup et défendre un bilan aussi misérable.
Une première réponse se trouve dans les AG transformées en simples chambres d’enregistrement après avoir éliminé toute velléité de débat à coup de sanctions vindicatives, et en déclenchant une « guerre préemptive » (plus que préventive). Avec 25 clubs présents ou moins, le BF est sûr à lui seul d’assurer une majorité absolue confortable ; faites le compte, et comparez avec la dernière AG.
Mais comment va-t-on s’ingénier à disposer ces contreperformances pour les conformer aux objectifs du contrat ? Ou préférera-t-on, comme par le passé, se cacher derrière des faux fuyants et chercher des boucs émissaires ?
Dans cette confusion totale que vivent les échecs « officieux », au plus fort temps de leur crise et de leur désarroi, des gestes, voire des tractations, et à défaut de positions claires, risquent de semer le doute ou de jeter le discrédit sur des personnes qui avaient milité pour un changement porteur de réforme.
Qu’est-ce qui a changé, aujourd’hui, pour reculer, faire des concessions et tendre la perche à des gens dont le déficit de crédibilité est énorme ?
Nous vivons une période cruciale et c’est des prises de positions aujourd’hui que se dégageraient les rapprochements de demain pour une véritable réforme des échecs marocains.
Cela dépendra de la capacité de tout un chacun de faire preuve de réalisme mais sans verser dans l’opportunisme, entamer une négociation sans devenir complice, chercher un compromis sans tomber dans la compromission, et être conscient qu’une attitude ou une position de neutralité dans un contexte d’obscurantisme et d’injustice, se transforment réellement en un soutien à peine voilé aux abus et aux tendances vengeresses.
Derrière cette note pessimiste, force est de reconnaitre que le paysage échiquéen, aujourd’hui, tend à se diversifier et à s’enrichir dans l’intérêt de tous les échéphiles , et en premier lieu les joueurs.
La concurrence sera le meilleur stimulant dans cette nouvelle donne, à condition qu’elle reste loyale et que les coups bas soient prohibés.
Tout le monde attend la prochaine rentrée avec un grand espoir, et l’on ose espérer que des clubs qui ont déserté la scène par dégoût, reviennent à la compétition et aussi à la revendication du Droit et de leurs droits.
LAMALIF, LAMETI Mohamed.