Réflexions sur la situation des échecs au Maroc

Le 01/03/2024

Réflexions sur la situation des échecs au Maroc

Maroc Echecs : Article publié le mercredi 11 mai 2005 à. Par Nabil HASBI

 En tant qu’amateur du jeu d’échecs, je me suis naturellement posé la question maintes fois quant au développement des échecs dans mon pays d’origine, à savoir le Maroc. Malgré ma petite expérience dans le domaine des échecs marocains ( une participation au championnat individuel de Marrakech en 2003 et une autre participation au Grand Prix d’El Jadida en 2004 ), j’ai pu à travers des rencontres, à travers des discussions et à travers des observations me forger une opinion sur le sujet.

Avant tout, ce qui a attiré mon attention et m’a désolé, c’est de voir que la plupart des joueurs marocains sont obligés d’assouvir leur passion dans des cafés. En effet, la plupart des Clubs n’ont pour locaux que de simples coins dans des cafés, souvent délabrés. Ceci pose un problème crucial et me pousse à me poser les questions suivantes :

  • Peut-on avoir une véritable stratégie de développement dans ces conditions-là ?
  • Quelle politique envers les enfants peut-on avoir quand on joue dans des cafés ?
  •  Comment peut-on valoriser le joueur marocain quand il n’est qu’un simple « joueur de cafés » ?

 

Des questions qui demeurent sans réponses à ce jour si j’en juge par la situation inchangée.

Ce qui est intéressant de constater, c’est que la situation actuelle des échecs au Maroc ressemble étrangement à celle de la France d’il y a 35 ans. Et quand on voit le niveau de développement des échecs en France on est en droit de se poser des questions.

D’aucun dira que ce n’est qu’une question de moyens. Certes, mais pas seulement. On peut observer qu’en France, la multiplication des tournois a beaucoup aidé au développement du jeu. Et c’est normal, cela crée du dynamisme de l’émulation et pousse tout le monde à aller de l’avant.

Alors comment sortir le joueur marocain des cafés ?

Multiplier les tournois est une évidence, mais ce n’est pas suffisant. Il faut parallèlement à cela une véritable politique volontariste de la part des autorités échiquéennes. Je ne suis pas entrain de jeter la pierre aux instances actuelles, combien même cela serait mon intention, je ne serais pas crédible. Je n’ai aucune histoire échiquéenne au Maroc.

Ce que je veux à travers ce dialogue, c’est apporter ma petite pierre à l’édifice, modestement et avec humilité.

Je refuse de croire que dans nos villes il n y ait pas de lieux décents où l’on puisse pratiquer les échecs dans la dignité. Pensons à ces parents qui amènent leurs enfants s’initier au noble jeu dans les Clubs et qui font marche arrière quand ils constatent que derrière le mot « Club » se cache une réalité amère : des conditions de jeu déplorables et un manque de moyens évident.

Il me semble qu’un travail de sensibilisations des autorités locales dans nos villes est nécessaire. Des partenariats avec les conseils municipaux, les provinces et les wilayas sont à penser et ceci peut le plus souvent avoir lieu suite à l’organisation de tournois par exemple.

Il me semble également que la recherche de partenaires privés est une chose d’une extrême importance. Il ne faut pas avoir peur de démarcher nos sociétés, nos banques et nos structures touristiques. Souvent, on a d’agréables surprises quand on ose.

Autre aspect à ne surtout pas négliger, c’est la communication.

De nos jours, ne pas communiquer signifie tout simplement ne pas exister. Et cela passe aussi par un site internet de qualité avec de la matière, des informations, des annonces de tournois, un forum qui serait un espace d’échange entre les joueurs marocains.

Mais internet n’est pas tout. Il faut créer un logo dynamique et moderne, publier une revue fédérale, abreuver les journaux nationaux et les médias d’informations, vulgariser les échecs en formant des entraîneurs qualifiés capables d’introduire les échecs dans les écoles.

A côté de cela, une complète restructuration des Ligues s’impose. Il nous faut des Ligues puissantes qui ont pouvoir de décision. N’oublions pas que les Ligues sont plus proches des Clubs que ne l’est une fédération.

Pour finir, je voudrais également soulever un sujet important, à savoir la valorisation de nos joueurs. Tout doit être fait et pensé dans l’intérêt et le respect du joueur. Cela passe par les conditions de jeu, l’hébergement et la restauration doivent être convenables quand ils sont proposés et la publication régulière d’un classement Elo qui a de la valeur.

Je lance un débat à travers cette réflexion. Je n’attends pas de polémique mais des remarques constructives car ce n’est que la main dans la main qu’on avancera tous ensemble.

 

 

Maroc Echecs 2005