Maroc Echecs 2005
Chafik Idrissi 2005
Le 02/09/2022
Chafik Idrissi
- Publié le dimanche 10 avril 2005.
- Par Abdelaziz Onkoud
J’ai connu Chafik vers la fin des années 80, nous étions de la même génération. Le jeu de chafik est imprégné par l’élégance, il a un penchant pour les parties stratégiques avec des manœuvres subtiles et la conquête continue de cases clés et de lignes importantes.
Sa tendance parfois à dominer un peu excessivement ses adversaires lui a joué cependant quelques mauvais tours. Dans nos rencontres de jeunesse, je lui ai échappé plusieurs fois alors que j'étais complètement dominé.
Je me rappelle d’une de ses parties qu il a disputé en Egypte en 1997, on jouait contre une équipe africaine, il était primordial qu’on remporte le match par 4 à 0, Chafik a dominé complètement son adversaire et allait nous offrir le premier point du match, tellement les variantes de gains étaient nombreuses, mais il a gâché monstrueusement sa position et a fini par perdre, je n’ai jamais vu chafik aussi triste que ce jour là ! Des petites larmes se pointaient dans ces yeux.
Mais quand Chafik domine, il est impitoyable, j’ai assisté à deux de ces victoires de tournois ou il n’ a même pas lâcher un seul demi point, il a tout balayé sur son passage.
La psychologie est un élément très important dans sa conception générale des échecs, il tient beaucoup à ce type de préparation, cela provient sans doute de son coté spirituel, en effet chafik est une personne d’esprit.
Abdelaziz Onkoud : quelles sont les circonstances de ton initiation au jeu d échecs et quelles sont les personnes qui t’ont communiqué la passion des échecs ?
Chafik Idrissi :
Comme c’est souvent le cas pour plusieurs d’entre nous, j’ai appris à jouer par hasard ; j’ai vu mes cousins jouer et j’avais suivi avec grand intérêt. Après, je leur avais demandé de m’initier, je devrais avoir 11 ans. Ma mère m’a ensuite acheté un échiquier en bois sur le quel j’ai commencé à jouer seul.
J’ai eu l’occasion de jouer au Collège Al Wafa grâce à la présence d’un instituteur Mr Benzakour épris du jeu d’échecs qui nous apprenait à jouer et qui organisait périodiquement le championnat du collège que j’ai d’ailleurs remporté 3 fois. Par le biais de ce même instituteur j’ai eu la connaissance du club casablancais du jeu d’échecs "Le cavalier d’or".
c’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre sérieusement les principes de ce jeu extraordinaire vers l’âge de 14- 15 ans et peu à peu j’ai commencé à intégrer la compétition..
Abdelaziz Onkoud : quelle est ta première vraie compétition, tes meilleurs résultats et souvenirs ?
chafik Idrissi :
Ma première vraie compétition remonte à 1990 lors de la phase qualificative pour le championnat junior moins de 20 ans où j’ai réussi à me qualifier d’ailleurs. Parmi mes meilleurs souvenirs je cite ma 2 ème place au championnat junior de 1992.
J’ai gagné lors de mon parcours pas mal de tournois mais ceux qui me font vraiment plaisir et dont je m’en souviens très bien sont ceux que j’ai remporté avec 100% de points comme par exemple celui de L’OCP à casablanca.
Abdelaziz Onkoud : récemment tu as assuré une journée de formation à Settat, c était quoi le but de ton intervention ?
Chafik idrissi :
C’est la FRME qui m’a demandé d’assurer un cours sur les ouvertures aux futurs animateurs formateurs des échecs. Ceci faisait partie de son programme de formation continue pour ces futurs formateurs pour enfants et jeunes joueurs d échecs afin d’assurer la relève des échecs au Maroc.
Je crois que la FRME a pris conscience de l’importance de ce genre de formations et qu’elle voudrait intégrer à son programme des joueurs de compétitions et d’expérience pour soutenir son action de formation et je pense que c’est très bien et je souhaite que cette expérience réussisse car elle est porteuse d’une forte valeur ajoutée pour les échecs au maroc.
Abdelaziz Onkoud : quel est le bilan de cette expérience ?
Chafik Idrissi
Tout d’abord je tiens à souligner que cette expérience était très instructive pour moi : je me suis rappelé quelque chose de très important à savoir : On apprend aux autres de la même manière q’on avait appris soi même. Si le sujet a été approfondi lors de notre travail personnel, les messages qu’on donne aux autres sont d’autant plus clairs et instructifs.
J’ai tenu lors de ce cours à ce que la communication soit interactive et décontractée que possible ce qui s’est réellement passée à Settat. Et à en juger par la réaction des participants le résultat est très satisfaisant.
Il y’avait une Vingtaine de participants A la fin, les participants ont exprimé leur désir de renouveler ce genre de séance de manière plus intensive.
Ce qui est à mon avis très révélateur de l’impact de telles entreprises.
Abdelaziz Onkoud : que penses tu de l’avenir des échecs au Maroc ? Les nouveaux jeunes sont ils prometteurs ?
chafik Idrissi :
Je constate la présence de beaucoup de jeunes talents qui à mon avis avec de l’encadrement adéquat pourront assurer Inchallah la relève.
Najib Draoui 2005
Le 01/09/2022
Najib Draoui
- Maroc Echecs 15 avril 2005
- Par Abdelaziz Onkoud
Najib Draoui est né le 2 juin 1974 à Tanger, il a grandit à Kénitra, et a fait ses études à Rabat. Ses parents sont instituteurs, il a fait connaissance du jeu par son père à l’age de 6 ans. Mais ses parents lui ont caché le jeu et ce n’est qu’après quelques années que la passion des Échecs resurgit.
Najib a bien réussi ses études, il a décroché une licence en mathématiques. Parallèlement à ses études, il s’est adhéré au club Ribati Ibn Batouta en 1993. Il a vite progressé. En 1996, il se qualifie au Championnat du Maroc individuel à Meknès, l’année suivante, on le verra encore au championnat du Maroc individuel à Tanger.
Un dernier tournoi au Maroc au mois de ramadan à Rabat (1998/99), Najib est parti jouer des tournois en Europe, il joua en compagnie de Tissir le tournoi de Capelle la Grande au début de l'an 1999, il est resté quelques temps en Pays- bas, puis il est retourné en France pour s’établir à Paris.
J’ai rencontré Najib fin 1999, à Paris, au café légendaire le cloître fréquentés par de nombreux grands maîtres prestigieux pour des soirées de blitz. Après on a joué ensemble pour le club AECE de Paris pour les saisons de 2001 à 2003.
Entre-temps, les tournois se succédaient, surtout les rapides, je rencontrais souvent Najib dans le café Gutis et aussi dans les jardins du Luxembourg, en train de se découdre dans des soirées ou journées de Blitz interminables.
Les résultats ne tardaient pas à venir, dans les deux dernières années, il multiplie les performances, et son Elo explose. Jouer et gagner un grand maître quelconque, ne lui posait plus de problèmes, il en a collectionné une belle brochette !
En deux ans il s est fait un beau palmarès, mais d’abord parlons un peu des tournois de L’Apsap de Paris, fidèle habitué aux tournois Ko de ce club...il l’a remporté plusieurs fois, j’ai assisté à l'une de ses victoires ou il avait gagné le GMI Bulgare Goergiev Krum, pour s’installer aux commandes du tournoi .Chose faite, il n'a rien lâché et a assuré le gain de tournoi avec un nul à la dernière ronde.
Son meilleur exploit restera sa victoire au tournoi du Parc des princes.
Voici le commentaire des organisateurs : « A ce rythme, c’est Najib Draoui (MAR) qui réalise l’exploit de cette 5e édition en terminant invaincu avec 5,5 points. Seul joueur à 5/5 au début de la sixième ronde il arrache la victoire en annulant face à Andreï Shchekachev (RUS), et laisse derrière lui pas moins de 10 joueurs titrés (3 GMI, 2 MI et 5 MF). Dommage pour lui que ce tournoi en 6 rondes ne permette pas de réaliser de norme malgré le niveau des premières tables. »
Voici quelques parties commentées par Najib (notations anglaises !)
DRAOUI, N (2282) - GMI : LALICH, B (2535) [C06] Cergy Pantoise 05.16.04. J’ai joué cette partie a la 5éme ronde du rapide de Cergy, alors que j’avais déjà battu le MI N.Gouliev et le GMI C. Bauer.Je devais donc gagner cette partie pour rester en tète du classement. 1. e4 e6 2.d4 d5 3.Nd2 Nf6 4.e5 Nfd7 5.Bd3 c5 6.c3 Nc6 7.Ne2 cxd4 8.cxd4 f6 9.exf6 Qxf6 10.Nf3 h6 11.0-0 Bd6 12.Ng3 0-0 13.Be3 Rd8 14.Re1 e5 15.dxe5 Ndxe5 16.Nxe5 Bxe5 17.Qh5 Be6 18.h4 Bxb2 19.Rad1 Bd4 20.Bxd4 20... Nxd4 21.Qg6 ! Rd6 22.Qh7+ Kf8 23.Qh8+ Bg8 24.Nh5 Qf7 25.Bh7 Nf5 26.Rc1 ! Rad8 27.Bxf5 Qxh5 28.Rc7 Rg6 29.Be6 1-0
DRAOUI, N (2373) - SHIRAZI, K (2399) [B29] APSAP, PARIS, 10.04.2005 1.e4 c5 2.Nf3 Nf6 3.e5 Nd5 4.Nc3 Nb4 Le maître international kamran shirazi est connu par son imagination, mais ici disons plutôt qu’il exagère. 5.a3 N4c6 6.b4 ! cxb4 7.axb4 Nxb4 8.Ba3 N4c6 9.Bc4 d6 10.exd6 exd6 11.0-0 Be7 12.Nd5 0-0 13.h3 Be6 14.d4 Re8 15.Nxe7+ Nxe7 16.Bxe6 fxe6 17.Ng5 ! Qd7
La position des noirs est déjà sans espoir.[ 17...Nf5 18.Qh5 Nh6 19.Nxe6 Rxe6 20.Qd5 Qd7 21.Rae1 Kf7 22.Rxe6 Qxe6 23.Qxb7+] ; ou [17...Ng6 18.Qh5 Nf8 19.Qf7+ Kh8 20.Bxd6 b5+-] 18.Qh5 h6 19.Qf7+ Kh8 20.Nxe6 Nd5 21.Ng5 Nc3 22.Rae1 ! Rc8 23.Re7 Qxe7 24.Qxe7 hxg5 25.d5 Na6
Enfin les noirs ont fini le développement !! 26. Bxd6 Nxd5 27.Qxb7 Nac7 28.Be5 Kh7 29.c4 Rab8 30.Qc6 Nb4 31.Qd7 Ne8 32.Bxb8 Rxb8 33.Re1 Nf6 34.Qxa7 Rc8 35.Re7 Rg8 36.Qb6 Nbd5 37.cxd5 Nxd5 38.Qb1+ Kh6 39.Re6+ Nf6 40.Qf5 Rf8 41.g4 Ra8 42.h4 1-0
DRAOUI,N (2377) - GMI YEMLIN,V (2555) [C66] capelle la grande, 24.02.2005 1.e4 e5 2.Nf3 Nc6 3.Bb5 Nf6 4.d3 (Najib m’ a avoué à l époque qu’il voulait éviter la berlinoise) 4...d6 5.0-0 g6 6.c3 Bg7 7.Re1 0-0 8.Nbd2 Nb8 9.d4 Nbd7 10.Bf1 b6 11.Qa4 a6 12.Qb3 Bb7 13.a4 Re8 14.Bc4 d5 15.exd5 exd4 16.Rxe8+ Nxe8 17.cxd4 ?!Nd6 18.Bf1 Nf6 19.Ne5 Bxd5 20.Qc2 Nf5 21.Ndf3 Nd7 ?
Objectivement, avant de jouer ce coups je pensais que les noirs étaient un peu mieux,[et non 21...Bxf3 22.Nxf3 Nxd4 23.Nxd4 Qxd4 24.Qxc7 Ng4 25.Qc2 Be5 26.g3 Kg7 27.h3 Rc8 28.Qe2+=] alors que 21...a5 était peut être le meilleur coup des noirs . 22.Bg5 ! f6 23.Nc6 Bxc6 [ 23...Qf8 24.Bc4 Qf7 25.Bxd5 Qxd5 26.Bf4 +-]24.Qxc6 fxg5 25.Bc4+ Kh8 26.Nxg5 Nd6 [ 26...Nh6 27.Ne6 Qc8 28.Nxg7 Kxg7 29.Be6 gagne ;et 26...Qxg5 27.Qxa8+ Nf8 ( 27...Bf8 28.Be6) 28.Qd5 gagne] 27.Qxd6 Qxg5 28.Qxd7 Rd8 29.Qxc7 Bxd4 30.Qf7 ! Bxb2 31.Re1 Qf6 32.Re8+ Rxe8 33.Qxe8+ Kg7 34.Qd7+ Kh8 35.Qc8+ Kg7 36.Bxa6 Bd4 37.Qc7+ Kf8 38.Qc2 h5 39.g3 h4 40.Kg2 hxg3 41.hxg3 Bc5 ?? 42. Bd3 g5 43.a5 Qc6+ 44.Be4 Qb5 45.Qc3 !! Qxa5 46.Qf6+ Kg8 47.Bd5+ Kh7 48.Qf7+ 1-0
Abou Marrakchi, Bref témoignage
Le 07/08/2022
Abou Marrakchi, Bref témoignage
- Publié le dimanche 9 octobre 2005.
- Par Mohamed Moubarak Ryan
Bonjour à tous, et Ramadan Karim,
Je voudrais, tout d’abord, resaluer l’excellente idée de l’équipe Maroc-Echecs, de consacrer régulièrement ses tournois hebdomadaires pour approcher nos anciens champions et grands joueurs disparus, souvent dans l’indifférence.C’est une belle occasion pour faire connaître leurs itinéraires et leurs œuvres. Le premier tournoi du mois sacré de Ramadan fut donc dédié à la mémoire de Feu Mohamed Abou « Marrakchi » décédé il y’a trois ans, à l’age de soixante ans à peine.
J’ai fait ma première connaissance avec Feu Abou, aux tous débuts de ma carrière universitaire à Rabat, en automne 1975, ou je fréquentais en compagnie de mon ami et coéquipier Youness Haddad, le club Cavalier Blanc qui partageait alors son siège avec l’Union des Ecrivains du Maroc, sise Rue Soussa. Je le trouvais régulièrement en face de Feu Al Azrak, un joueur chevronné disputant d’interminables parties du Blitz, pimentés par gestes palabres et anecdotes ! Abou fut et restait toujours un redoutable blitzeur ; ce n’est guère par hasard qu’il remporta le premier titre de Champion du Maroc » officiel » de cette cadence, au cours du tournoi organisé par la FRME à Maamoura en décembre de la même année. Feu Abou était fier de ce titre symbolique et aimait le faire rappeler à ses détracteurs lorsqu’il lui arrive de perdre quelques parties !
Je devrais approfondir mon amitié avec Abou au cours du 10° Championnat National Individuel qui s’est déroulé à Tétouan, en août 1976, et remporté par khalid Chorfi. Il était déjà un vieux routier de cette compétition, puisqu’il fut parmi l’élite marocaine à disputer le premier championnat en juillet 1965 à Tétouan, à coté des meilleurs joueurs d’antan : Bakali, Bennis, Benabud Kadéri, Hadri et autres. Notre Feu Champion était un joueur coriace sur l’échiquier, doté d’une patience et d’un sang froid à toutes épreuves, toujours à l’affût d’une contre attaque surtout lorsqu’il se trouvait en difficulté (comme en témoigne son surprenant et laborieux gain contre Abdellah ait Hmidou lors du 11° Championnat individuel disputé en mars 1978 et remporté par ce dernier « voir parties annexes »). Son répertoire fut bien soigné quoique limité ; Avec les blancs il jouait alternativement e4 ! et Cf3 ! choisissant parfois la partie anglaise. Avec les noirs il pratiquait souvent la défense Petroff contre e4, qu’il maîtrisait bien, et optait pour les défenses orthodoxes, notamment le gambit Dame refusé pour répliquer à d4. Mais sa véritable force consistait en sa technique en finale et l’exploitation des petits avantages accumulées en milieu de partie. Son Champion préféré, si je me rappelle bien, est Anatoly Karpov.
En dehors de l’échiquier c’est une personne affable, qui aime la vie, sympathique malgré les apparences et toujours de bonne humeur. Ce fut un noctambule qui profitait de ses participations assidues aux diverses compétitions nationales pour jouer inlassablement des parties de blitz, analyser les positions litigieuses et échanger des blagues !
S’il ne réussit pas à remporter le titre tant convoité de Champion du Maroc, Il fut néanmoins régulièrement aux places d’honneur et membre de l’équipe nationale à maintes reprises bien que les occasions de représenter notre pays à l’échelle internationale se faisaient plutôt rares à l’époque. En 1985 , si ma mémoire est fiable, le titre de Maître National des Echecs lui fut attribué par la FRME par, pour ces résultats réguliers dans le championnat individuel ( les critères d’alors exigeaient d’être une fois champion, deux fois vice champion ou bien trois fois troisième !)
Feu Abou, bien que natif et résident à Salé, fut parmi les fondateurs et piliers du Cavalier Blanc de Rabat. C’est dans le cadre des compétitions par équipes que nous avons tissé une amitié échiquéenne sincère, enrichie par la concurrence et la rivalité d’alors entre nos deux clubs respectifs. Le Cavalier Blanc, Champion du Maroc en 1977, fut aux coudes d’Alouan fannia , 2° à trois reprises ! (1980, 1981 et 1982) Après la dissolution prématurée de ce prestigieux club de la capitale, il fonda le Club PTT, parrainé par cet important établissement public ou Feu Abou fut fonctionnaire et connu de tout le monde dans la boite comme Monsieur Echecs !
A partir des années 90, Mohamed Abou délaissait progressivement la compétition officielle pour se consacrer aux activités d’arbitrage (il était également arbitre national) d’organisation et d’encadrement des jeunes de Rabat. Que Dieu l’ait en sa miséricorde.
Mustapha BAKKALI n’est plus
Le 04/08/2022
Mustapha BAKKALI n’est plus
- Publié le mercredi 13 juillet 2005.
- Par Mohamed Moubara Ryan
Triple Champion du Maroc et ancien Président de la Fédération Royale Marocaine des Echecs (FRME), Mustapha Bakkali est décédé aujourd’hui à Tétouan, après une longue maladie ; Il était agé de 81 ans.
Feu Bakkali aura marqué de son empreinte un demi siècle du jeu d’echecs dans notre pays. Né en 1924, il fut parmi les premiers « indigènes » à adhérer au Club l’Union de Tétouan, lieu de prédilection pour les joueurs d’échecs espagnols dans le Nord du Maroc sous le protectorat. Il fit des progrès rapides, emboitant le pas à son compatriote et grand ami Driss Benabud, remportant plusieurs fois le championnant de la zone. Il disputait la Finale du Championnnat Individuel d’Espagne en 1948. Mais sur cette période, justement, on dispose de peu de documents ou d’informations précises retraçant ses exploits.
Monsieur Bakkali fut parmi les membres fondateurs de la FRME, crée en novembre 1963 à Fes ; Il en assuma la gestion effective, sans toutefois en être le président, de 1965 à 1969 lorsque cette instance, encore embryonnaire, trouvait refuge à Tétouan. IL devait remporter son premier Championnat officiel du Maroc en juillet 1965 à Tétoaun. Il réédita sa prédominance en gagnant son second titre l’année suivante, Tétouan Aout 1966.Il devint triple champion du Maroc en 1973lors d’un match mémorable et fort médiatisé, disputé à l’Hôtel Tour Hassan de Rabat, face à son coriace adversaire et double champion du Maroc Mohamed Bennis.
Feu Bakkali, dont il m’est vraiment difficile de résumer ici, à chaud, sa très longue carrière, en tant que joueur de premier plan, fut parmi l’Equipe Nationale qui disputera sa première olympiade d’Échecs en 1966 à La Havane (Cuba). Il y eut 5,5 pts sur 16 parties disputées au premier échiquier ! Aux olympiades de Lugano (Suisse) en 1968 il obtint 5,5 pts sur 17, toujours au premier échiquier, et contre de forts adversaires ; Il faut rappeler que les olympiades d’antan se déroulaient selon le système des groupes, en toutes rondes, avec des matchs très difficiles. Monsieur Bakkali évoquait toujours avec certaine fierté sa mémorable partie jouée à Lugano contre Uhlmann, le célèbre GM Est Allemand, ou il le défia dans sa propre spécialité, la Défense Française et arracha un nul méritoire après onze heures de jeu !( Monsieur Onkoud pourrait vérifier sur sa propre base de données)
Sa carrière en tant que joueur devait être pratiquement réduite, lorsqu’il fut élu à l’unanimité Président de la FRME en juillet 1975 à Tétouan ; Il aura conduit cette instance durant 11 années, fournissant des efforts inlassables pour en établir les structures, développant les activités, se bataillant contre vents et marées pour forger une place de choix pour ce noble jeu sur l’échiquier national.Feu Bakkali, s’adonnait avec ferveur à sa passion délaissant ses activités commerciales et foncières.
Fin connaisseur des rouages de la FIDE grâce à ses « réseaux hispaniques », il jouissait d’une excellente réputation au sein de cette instance internationale. Florencio CAMPOMANES, visita à deux reprises notre pays dont celle mémorable à Chefchaouen à l’occasion du 15° Championnat National Individuel (Mars 1984). Feu Bakkali fut également parmi les membres fondateurs de l’Union Arabe des Echecs.
Monsieur Bakkali, devait perdre les élections de décembre 1986 face à Monsieur Haloui de la Banque Populaire, pour des raisons qu’on ne pourrait évoquer ici. L’année suivante, l’Union Arabe des Echecs décida de lui rendre un grand hommage devant le refus stupéfiant du nouveau président de la FRME ! Feu bakkali en gardera un goût amer, bien quelque peu dissipé, grâce au Wissam du Mérite Sportif qui lui sera discerné ultérieurement par Feu Hassan II (1997 ?)
Grand Champion National, excellent joueur doué pour l’attaque (son idole préféré reste le Magicien TAL), inlassable organisateur (avec une certaine manie pour les détails), gestionnaire autoritaire à l’occasion et bon vivant avec souvent un sens inné de l’humour, Feu Bakkali restreignait ses activités, combattait courageusement sa maladie. Il n’avait jamais renié son ambition pour prendre en main, de nouveau cette fédération, où il se sentait comme un poisson dans l’eau, et étaler ses immenses ambitions pour développer les Échecs Marocains.
Depuis qu’il fut contraint d’abandonner la FRME, il a refusé certaines initiatives (bien symboliques) pour lui rendre hommage à travers un tournoi ou une activité similaire. En effet accablé par les vicissitudes du destin, il se sentait délaissé par les siens ; son attitude fut plutôt une protestation à peine dissimulée contre le manque de reconnaissance envers quelqu’un qui a tout donné pour ce noble jeu.
Que Dieu ait son âme ; Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous retournerons.
Feu Kamal Skalli : la passion des échecs.
Le 01/08/2022
Feu Kamal Skalli : La passion des échecs.
Maroc Échecs 8 août 2005 , par Mohamed Moubarak Rian
Bonsoir Abdelaziz,
Ton article évoquant la mémoire de notre grand ami Feu Kamal Skalli m’a poussé à vous poster ci-joint, un témoignage que j’avais adressé au journal Al Bayane, dès que j’ai appris la disparition précoce et combien douloureuse de kamal.
C’est un témoignage qui fut rédigé à chaud dont je souhaite bonne lecture à tous les amis du défunt, que dieu ait son âme,notamment ceux qui n’ont pas eu accès à ce document dans son intégralité ; et merci
Kamal Skalli tel que j’ai connu ;
Témoignage
C’est avec émotion que j’ai appris, à travers Al Bayane du mardi 9 novembre 2004, le décès de notre grand ami Kamal Skalli. Que son épouse, Fouzia, ses enfants et toute sa famille veuillent trouver ici mes sincères condoléances et ma profonde compassion dans cette douloureuse circonstance ; Nous sommes à Dieu et c’est à lui que nous nous retournerons.
Je me suis lié avec feu Kamal durant plus d’un quart de siècle, par une amitié aussi profonde que désintéressée, qui me pousse aujourd’hui à apporter ce modeste témoignage montrant certaines facettes de ce personnage exceptionnel et soulignant les qualités humaines et sportives qui étaient fort appréciées par tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître ou de l’approcher.
J’ai eu le plaisir de faire la connaissance du regretté Kamal Skalli, pour la première fois, lors du 10éme championnat national individuel des échecs organisé à Tétouan en juillet 1976 et remporté par Khalid Chorfi. On se trouva face à face au cours de la troisième ronde ; Il était déjà un joueur international confirmé et fort redouté parmi l’élite marocaine par son style entreprenant et agressif, alors que j’entamais, personnellement, mes premiers pas dans le monde des échecs de compétition. Je finis, naturellement, par abandonner après une jolie partie âprement disputée de part et autre. Quelle fut ma surprise lors de l’analyse post mortem habituelle quand Kamal me fit montrer allègrement une jolie variante, comportant des sacrifices, que j’avais ratée et m’aurait assurer la victoire ! D’autres joueurs se seraient contentés de savourer leurs exploits, estimant peut être que leurs jeux furent sans failles. Je ressentis, par son geste, un réel encouragement et fus séduit par son comportement chevaleresque vis-à-vis du jeune et timide joueur que j’étais à l’époque. Ce fut le prélude d’une amitié sincère qui s’approfondira au cours des multiples championnats nationaux et au fil des nombreux voyages à l’étranger que nous avons faits ensemble. Sa bonté, sa générosité d’esprit et sa spontanéité sont des traits spécifiques de son caractère qui ont marqué sa carrière en tant que brillant joueur d’échecs ; C’est sur le volet de son activité sportive que je puis apporter ce témoignage qui a nécessairement sa part de subjectivité ; Je laisse le soin à ses collègues au sein de Royal Air Maroc d’évoquer sa carrière professionnelle en tant que pilote de ligne, puis commandant de bord.
Après une absence fort prolongée des compétitions nationales à cause de ses préoccupations professionnelles et familiales, Kamal Skalli fit une nouvelle apparition lors du 15ème championnat individuel du Maroc, disputé en mars 1984 à Chefchaouen, ma ville natale. Ce fut un événement fort suivi dans ce sympathique bourgade dont le jeu d’échecs est très populaire. Kamal réussit à conquérir les cœurs par sa gentillesse et sa générosité, et devint en l’espace de dix jours un joueur très remarqué et salué aussi bien par le fan qui suit attentivement les péripéties de ce championnat que par le simple artisan vacant à ses activités traditionnelles au cœur de la Médina. Il obtint une excellente deuxième place devant 51 joueurs nationaux, le titre de champion revenait à Abdellah Ait Hmidou.
Kamal aura bientôt une belle occasion d’exercer ses talents de joueur/artiste au cours de la 26éme Olympiade d’Echecs tenue en octobre 1984 à Salonique en Grèce ; Il marqua au deuxième échiquier 8 points sur 13 parties, et se distingua par de jolies prouesses comme sa partie contre HOOK, marquée par un spectaculaire sacrifice de Dame et de deux Tours que les lecteurs intéressés pourront consulter dans la base de donner de Chess base.
En février 1985 Kamal Skalli tira profit de sa participation au championnat d’Afrique, Sidi Frej dans les faubourgs d’Alger, qui est considéré comme phase préliminaire au championnat du monde, pour gagner son premier titre international de Maître FIDE, à coté de son coéquipier et mon frère kacem, qui s’adjugea du titre de Maître International, et en présence de Monsieur Bakali, ancien président de la Fédération Royale Marocaine des Echecs (FRME) auquel je souhaite prompt rétablissement. Je me rappelle que Kamal avait quelques difficultés pour se libérer durant cette période, j’ai du le remplacer et fis le voyage en Algérie à la dernière heure ; Nous fumes tous surpris par son arrivée à l’improviste à l’hôtel abritant cette compétition continentale. J’ai immédiatement décidé de céder ma place à mon ami Kamal, lui donnant ainsi l’occasion de remporter son titre international. IL ne cessait d’apprécier ce geste bien logique à mon sens. Sa bonté naturelle et sa courtoisie le rendaient sensible aux moindres gestes faits à son égard.
Au cours de cette même année, Il fut le seul joueur marocain à prendre part, au sein de la Sélection Africaine, au premier championnat du monde par équipes organisé en novembre 1985 à Lucerne, Suisse. Les résultats de cette équipe continentale furent très modestes, occupant la dixième et dernière place, derrière le gotha des joueurs d’échecs planétaires dont l’équipe de la défunte URSS menée par Karpov, Yossuopov, Belyavsky, Sokolov et autres. Skalli fit un parcours honorable, luttant acharnement, sans complexe contre ces grands maîtres de premier plan avec, en prime, une partie nulle fort intéressante face au GM argentin Barbero. Ce fut une expérience qui consolidera le jeu de Kamal qui gagnera en rigueur et affinera davantage son répertoire d’ouverture, marqué jusqu’alors par des systèmes insolites, et souvent originaux découlant de b3 ! Ou a3 !
Cette expérience au plus haut niveau, enrichie par son accès à la liste internationale des joueurs d’échecs classés ( ELO) amènent la FRME à le sélectionner parmi l’équipe nationale qui devrait représenter le Maroc à la 27ème Olympiade d’Echecs, organisé officiellement pour la première fois dans un pays arabe, en l’occurrence à DUBAI aux Emirates Arabes Unis (EAU), et ce malgré son absence remarquée du 16éme championnat individuel tenu en mars 1986 à Casablanca. Kamal fera un bon résultat au troisième échiquier en obtenant 7 points sur 12 parties. Etant son compagnon au sein de l’équipe nationale qui a eu l’opportunité de participer à cette fantastique fête mondiale des échecs durant presque un mois, je ne peux oublier sa facilité déconcertante à se lier d’amitié avec les joueurs et joueuses, aux horizons divers, venus des cinq continents, son esprit d’équipe, sa disponibilité naturelle et sa générosité envers ses coéquipiers , et enfin son aptitude à concilier les antagonismes et les susceptibilités inévitables dans ce genre de compétition de longue durée.
A la fin de 1986 la FRME change de président, et son siège est transféré à CASA après avoir passé 11 ans à Tétouan. Kamal Skalli qui y réside est tout naturellement sollicité pour faire partie du nouveau comité directeur ; En sa qualité de vice- président il tente d’apporter des nouvelles idées et fut, surtout sensible à l’épanouissement des jeunes talents. C’est grâce à son initiative que Hicham Hamdouchi est envoyé en avril 1987 à Graz, en Autriche, pour participer au championnat du monde cadet, qui a constitué un précieux encouragement et lui a ouvert la voie pour une carrière échiquéenne au palmarès très riche sur les plans arabe et continental, couronnée par le titre convoité de Grand Maître International (GMI), sans compter ses 11 titres de champion de Maroc.
La gestion fort contestée du président de la FRME abrogea un peu prématurément l’expérience casablancaise. Cette instance nationale fut transféré en avril 1988 à Rabat, lieu de résidence de son président nouvellement élu, M. Abdelouahed El Fassi. Kamal Skalli conserve néanmoins ses relations amicales avec la nouvelle fédération. Il se distingua alors par un coup de maître en organisant, en octobre 88 à Casa, sous la houlette de son association échiquéenne fraîchement créée, l’Association du Personnel Navigant technique de la RAM, l’un des meilleurs tournois internationaux jamais tenus au Maroc, à savoir le Tournoi de son Altesse Royale le Prince Sidi Mohamed, avec la présence de joueurs internationaux de renom, tels que le hollandais GMI Ree qui remporta la compétition, Ostojic, Giffard et autres, tout en permettant à l’élite nationale d’y faire ses preuves. Son apport fut encore décisif pour faciliter la participation de l’équipe nationale à la 28ème Olympiade ayant lieu à Salonique en novembre 1988 , tout en prenant part en tant que joueur dont la présence inspire toujours confiance parmi ses coéquipiers ; sa prestation y fut assez bonne dans l’ensemble, mais c’est surtout la spontanéité avec laquelle il réussit à tisser son amitié avec les nouveaux et jeunes membres de l’équipe comme Hamdouchi, Zair et Benaino qui force l’admiration, car Kamal se comporte toujours envers tous sans complexes ni arrière pensées.
En 1990 M. El Fassi quitte son poste de président de la FRME pour des raisons personnelles. Feu Kamal est tenté par l’expérience de prendre en main directement les destinées des échecs marocains ; Il est tout naturellement élu président avec une large majorité. Et quoique qu’il ait réussi à tenir régulièrement les divers championnats nationaux, et assurer la participation de l’équipe marocaine à la 29 Olympiade d’échecs organisée en novembre 1990 à Novi Sad en Yougoslavie , Kamal se sentait mal à l’aise dans la gestion quotidienne des affaires fédérales ; Sa nature plutôt candide ne supportait pas les magouilles ni les coups bas. L’assemblée générale ordinaire tenue en 1992 contestant la gestion financière de la Fédération, Il préféra jeter l’éponge et abandonner ses fonctions de président, alors que le rapport de la commission ad hoc constitué à cet égard, et dont je fus le rapporteur, plaidait surtout en sa faveur. Il a passé le flambeau à son collègue au sein de la l’Association du PNT de la RAM, M.Ahmed Jaafari, qui devrait assumer la présidence de la Fédération pendant 8 ans. De cette courte expérience à la tête de la FRME, Feu Kamal aura certainement gardé un goût d’amertume, et un sentiment d’ingratitude. IL n’en continuait pas moins à aimer le jeu d’échecs et à le faire aimer, à le pratiquer passionnément dans le cercle restreint de ses proches amis, à disputer certains tournois internationaux opens, notamment au Canada ou il s’est installé an compagnie de sa petite famille ces dernières années. Que Dieu ait son âme.
Signé :Mohamed Moubarak RIAN
PS : Monsieur Kacem RIAN et tous les membres de l’Association Alouan Fannia d’Echecs de Chefchaouen voudraient adresser par le biais de votre journal, leurs sincères condoléances à la Famille Skalli, à tous les collègues et amis du défunt, ainsi qu’à tous les amateurs d’échecs endeuillés par la disparition du feu Kamal .