Abou Marrakchi, Bref témoignage

Le 07/08/2022

Abou Marrakchi, Bref témoignage

  • Publié le dimanche 9 octobre 2005.
  • Par Mohamed Moubarak Ryan


Mmrian

Bonjour à tous, et Ramadan Karim,

Je voudrais, tout d’abord, resaluer l’excellente idée de l’équipe Maroc-Echecs, de consacrer régulièrement ses tournois hebdomadaires pour approcher nos anciens champions et grands joueurs disparus, souvent dans l’indifférence.C’est une belle occasion pour faire connaître leurs itinéraires et leurs œuvres. Le premier tournoi du mois sacré de Ramadan fut donc dédié à la mémoire de Feu Mohamed Abou « Marrakchi » décédé il y’a trois ans, à l’age de soixante ans à peine.

J’ai fait ma première connaissance avec Feu Abou, aux tous débuts de ma carrière universitaire à Rabat, en automne 1975, ou je fréquentais en compagnie de mon ami et coéquipier Youness Haddad, le club Cavalier Blanc qui partageait alors son siège avec l’Union des Ecrivains du Maroc, sise Rue Soussa. Je le trouvais régulièrement en face de Feu Al Azrak, un joueur chevronné disputant d’interminables parties du Blitz, pimentés par gestes palabres et anecdotes ! Abou fut et restait toujours un redoutable blitzeur ; ce n’est guère par hasard qu’il remporta le premier titre de Champion du Maroc » officiel » de cette cadence, au cours du tournoi organisé par la FRME à Maamoura en décembre de la même année. Feu Abou était fier de ce titre symbolique et aimait le faire rappeler à ses détracteurs lorsqu’il lui arrive de perdre quelques parties !

Je devrais approfondir mon amitié avec Abou au cours du 10° Championnat National Individuel qui s’est déroulé à Tétouan, en août 1976, et remporté par khalid Chorfi. Il était déjà un vieux routier de cette compétition, puisqu’il fut parmi l’élite marocaine à disputer le premier championnat en juillet 1965 à Tétouan, à coté des meilleurs joueurs d’antan : Bakali, Bennis, Benabud Kadéri, Hadri et autres. Notre Feu Champion était un joueur coriace sur l’échiquier, doté d’une patience et d’un sang froid à toutes épreuves, toujours à l’affût d’une contre attaque surtout lorsqu’il se trouvait en difficulté (comme en témoigne son surprenant et laborieux gain contre Abdellah ait Hmidou lors du 11° Championnat individuel disputé en mars 1978 et remporté par ce dernier « voir parties annexes »). Son répertoire fut bien soigné quoique limité ; Avec les blancs il jouait alternativement e4 ! et Cf3 ! choisissant parfois la partie anglaise. Avec les noirs il pratiquait souvent la défense Petroff contre e4, qu’il maîtrisait bien, et optait pour les défenses orthodoxes, notamment le gambit Dame refusé pour répliquer à d4. Mais sa véritable force consistait en sa technique en finale et l’exploitation des petits avantages accumulées en milieu de partie. Son Champion préféré, si je me rappelle bien, est Anatoly Karpov.

En dehors de l’échiquier c’est une personne affable, qui aime la vie, sympathique malgré les apparences et toujours de bonne humeur. Ce fut un noctambule qui profitait de ses participations assidues aux diverses compétitions nationales pour jouer inlassablement des parties de blitz, analyser les positions litigieuses et échanger des blagues !

S’il ne réussit pas à remporter le titre tant convoité de Champion du Maroc, Il fut néanmoins régulièrement aux places d’honneur et membre de l’équipe nationale à maintes reprises bien que les occasions de représenter notre pays à l’échelle internationale se faisaient plutôt rares à l’époque. En 1985 , si ma mémoire est fiable, le titre de Maître National des Echecs lui fut attribué par la FRME par, pour ces résultats réguliers dans le championnat individuel ( les critères d’alors exigeaient d’être une fois champion, deux fois vice champion ou bien trois fois troisième !)

Feu Abou, bien que natif et résident à Salé, fut parmi les fondateurs et piliers du Cavalier Blanc de Rabat. C’est dans le cadre des compétitions par équipes que nous avons tissé une amitié échiquéenne sincère, enrichie par la concurrence et la rivalité d’alors entre nos deux clubs respectifs. Le Cavalier Blanc, Champion du Maroc en 1977, fut aux coudes d’Alouan fannia , à trois reprises ! (1980, 1981 et 1982) Après la dissolution prématurée de ce prestigieux club de la capitale, il fonda le Club PTT, parrainé par cet important établissement public ou Feu Abou fut fonctionnaire et connu de tout le monde dans la boite comme Monsieur Echecs !

A partir des années 90, Mohamed Abou délaissait progressivement la compétition officielle pour se consacrer aux activités d’arbitrage (il était également arbitre national) d’organisation et d’encadrement des jeunes de Rabat. Que Dieu l’ait en sa miséricorde.


 

 

 

Maroc Echecs 2005