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Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan
Le 06/08/2022
Il y’ a Quarante ans, Le Premier Championnat Individuel National à Tétouan
- Article publié le dimanche 1er janvier 2006.
- Par Mohamed Moubarak Ryan
Le Championnat National Individuel du Maroc qui se déroule actuellement à Tétouan en est à sa 35° édition. La ville de la Colombe Blanche, véritable pionnière des échecs dans notre pays, en aura accueilli sept. Mais c’est le 1° Championnat qui restera dans l’histoire en tant que première manifestation officielle de la FRME organisée à l’échelle du Maroc entier.
La FRME créée en novembre 1963 à FES, demeurait immobile pendant une bonne période et c’est à l’Association Marocaine des Echecs de Tétouan, qui fêtera cette année 2006 son 50° anniversaire, que revient le mérite de prendre l’initiative de célébrer notre premier championnat individuel.
Sous l’impulsion de Feu Mustapha Bakkali, dirigeant dynamique, talentueux joueur, habitué des tournois espagnols, et Monsieur Houssein Bahaoui, échéphile d’une grande compétence administrative et rigueur technique, l’Association Marocaine profita de la tenue de la Foire de Tétouan, en été 1965, pour proposer l’organisation d’un premier championnat du Maroc ; La jeune FRME dont le siège est alors à Fes donna son feu vert à Tétouan pour concrétiser ce rêve.
Le comité d’organisation coiffé par feu Abdelkrim Bennouna président du Club l’Union, prit l’initiative d’écrire au Cabinet Royal pour solliciter son parrainage et autoriser de baptiser ce championnat au nom de son Altesse Royal le Prince Héritier Sidi Mohamed . Grâce à leurs contacts de haut niveau, l’autorisation royale fut rapidement obtenue, offrant une Coupe Officielle portant le nom du Prince . Cependant, personne ne pensait alors à prévoir des prix en espèces. C’est l’époque de l’amateurisme pur !
Huit joueurs, parmi l’élite nationale, représentant 6 villes du Royaume, ont finalement pris par à ce tournoi, qui s’est déroulé du 24 juillet au 1° août 1965, dans les locaux du Club l’Union, lieu de prédilection des joueurs de Tétouan, en présence effective et régulière du Gouverneur de la Province, Monsieur Hossein Ayachi. Le Championnat fut organisé selon le système toutes rondes, avec 40 coup/ 2h et une heure pour achever la partie ; Le règlement de la FIDE fut de vigueur, appliqué strictement par l’arbitre principal, Monsieur Bahaoui. Le public fut nombreux et pouvait suivre à travers les échiquiers de démonstration ! les quatre parties quotidiennes
C’est finalement Feu Bakkali qui sera Premier Champion officiel du Maroc avec 6 poins sur 7.
Le classement :
1.Mustapha BAKKALI (Tétouan) 6 sur 7.( Coupe de SAR)
2. HADRI (Tanger) 5. (Coupe du Gouverneur)
3 Mohamed BELARBI (Casablanca) 4,5
4 Ahmed BENNIS (Fes) 3,5
5. Idriss BENABUD (Tétouan) 3
6. Mokhtar KADERI (Fes) 2,5
7. Hossein BENNIS (Rabat) 2,5
8. Abou MARRAKCHI (Salé) 1
Parallèlement à ce championnat, une compétition inter villes fut organisée 31 juillet et 1° août avec la participation de 8 clubs ( Sebta, Larache, Fes, tétouan, kénitra,Casablanca, Ksar El Kebir, et Salé). C’est l’équipe de Sebta qui obtint la première place et remporta la Coupe de la Direction de la Jeunesse et Sport , suivie de Larache (Coupe de la Foire de Tétouan), et Fes (Coupe de l’Association Marocaine de Tétouan)
Le premier Champion National Feu Bakkali, devait remporter le deuxième championnat individuel organisé l’année suivante à Tétouan, et gagner son troisième titre à Rabat en 1973. Il fut un échéphile dévoué, à l’affût de nouvelles idées ; C’est lui qui mettait la Fédération sur les rails, appuyé toujours par un homme discret, de valeur Monsieur Mohamed Houssein Bahaoui qui mérite toutes les louanges. C’est grâce à lui que j’ai pu recueillir les informations qui constituent la matière première de mon modeste article.
Quarante après, la comparaison entre le premier championnat et cette 35° édition est fort éloquente. Je laisse le soin au président en exercice de la FRME et les organisateurs de cette compétition nationale suprême de tirer leurs propres conclusions...
Le 05/08/2022
Jamila Chouaibi. Maître National féminin depuis 1985.
Championne du Maroc des Echecs en 1985.
Moulay Ahmed Raisuni…In Memoriam
Le 05/08/2022
Moulay Ahmed Raisuni…In Memoriam
- samedi 17 janvier 2015
- par Mohamed Moubarak Ryan
• Ce dimanche 21 décembre 2014, Moulay Ahmed Raisuni n’aura pas respecté son rendez-vous hebdomadaire avec les jeunes en herbe encadrés par l’Association Marocaine de Tétouan au sein du Club l’Union, haut lieu du jeu d’échecs au Nord du Maroc depuis des générations. Mohamed Chakroun et ses amis, l’aura attendu anxieusement toute la matinée ; Moulay Ahmed s’est éteint, sereinement chez lui, à l’âge de 90 ans, ayant rendez – vous avec Dieu, le tout puissant, qu’il l’ait en sa sainte miséricorde.
• Si peu de joueurs d’échecs marocains, de présidents de clubs ou même de cadres fédéraux actuels connaissent Moulay Ahmed Raisuni, c’est que cette figure échéphile traditionnelle n’a jamais pris part à un championnat national individuel par exemple, ni disputé les tournois les plus importants qui se sont déroulés, tant bien que mal, à travers le pays, ni prétendu à un poste quelconque de dirigeant. Certes, il fut présent, à une ou deux éditions des« torneos interciudades de larache » qui ont marqué l’histoire échiquienne du Maroc au cours des années soixante, ou bien accompagné l’équipe de la Haiâ de Tétouan lors des ces rencontres inter villes qui étaient le prélude du système actuel du championnat national par équipes, dont la première édition date de 1972 ; Moulay Ahmed, était plutôt un homme discret, abordant les échecs dans leurs facettes ludique, artistique et pédagogique.
• S’il aimait parfois afficher, fièrement ou en plaisantant, sa « carte fédérale n° 1", c’est qu’il fut le premier joueur marocain inscrit sur la nouvelle liste des joueurs établie par la FRME, en 1975 suite au transfert de son siège à Tétouan, sous l’égide de Feu Mustapha Bakkali. A l’époque il était fort connu pour sa passion échiquéenne, mais surtout par sa contribution à l’initiation au noble jeu et l’encadrement de nombreux élèves au sein de l’établissement d’enseignement Jaber Ibn Hayan, au cours des années 70. C’était une réelle opportunité pour les jeunes curieux de goûter aux délices du Roi des Jeux alors que le matériel, les livres et surtout les lieux où l’on peut pratiquer étaient plutôt rares. Il était un véritable précurseur dans ce domaine, en s’intéressant à une activité pédagogique qui fait, encore, cruellement défaut.
• Je me souviens bien, durant l’année 1973, alors que je suivais mon parcours scolaire au Nouveau Lycée Technique (Imam Ghazali actuellement) à Tétouan, tout en en m’intéressant au jeu d’échecs de mes copains du Lycée jaber, me parlant d’un certain Moulay Ahmed Raisuni, qui consacrait des séances régulières d’initiation et d’apprentissage du noble jeu au sein de l’internat. Il leur faisait découvrir de belles combinaisons et des problèmes artistiques, avec en prime des gâteux et divers cadeaux pour les meilleurs solutionnistes. L’année suivant, je regagnais à mon tour le même lycée ; Si je ne me suis pas inscrit aux cours de Moulay Ahmed, je prenais part à son tournoi annuel dont le premier (1974) fut remporté par mon ami Med Chakroun) et le deuxième (1975) que j’avais gagné avec une petite coupe et un gros lot de livres. Je gardais une bonne impression de l’organisation technique de ce petit tournoi et son ambiance sympathique avec la fierté d’avoir « devenu « le Champion du lycée ! C’est ce genre d’initiative qui aura ouvert la voie à d’autres activités plus étoffées, dont -bien évidemment - la formidable série des championnats inter établissements scolaires de Tétouan, entamée dès 1978 sous l’impulsion et la direction technique de feu Mohamed Houssein Bahaoui. • Vers la fin de 1978, je commençais ma carrière professionnelle à la BGA de Tétouan, et je devenais un membre assidu du Club l’Union, siège de la FRME. J’y étais, plus au moins, un joueur connu sur le plan national. J’ai eu l’opportunité d’y côtoyer à l’époque tant d’échéphiles passionnés, qui trouvent du plaisir à jouer des heures entiers, échangeant des amabilités, des satires ou de coups de gueule. Moulay Ahmed Raisuni était parmi ceux qui attirent le plus d’attention, par son habit traditionnel inchangé, par son humeur agréable distillé durant ses parties. « Pieza Tocada Pieza Jugada » (pièce touchée, pièce jouée) était son slogan et son principe inaliénable ! quelle que soit la nature de la confrontation. Il faut reconnaître que Cette « intransigeance » fut très bénéfique pour les débutants qui devraient apprendre que les échecs est un jeu mental et non une pratique manuelle !
• Certaines séquences restent imprimées dans la mémoire de chacun…durant les années 80, un certain universitaire américaine de l’Ohio, retraité, connu sous le nom de Walter Meiden (1907-1993), Co-auteur avec Max Euwe de deux livres à succès » Mâitre contre Amateur » & « L’amateur devient Maître » traduits en français. Cet échéphile érudit, ami personnel de Euwe et Boris Spassky entre autres, passait régulièrement ses vacances estivales à Tétouan ; Sa présence quotidienne au Club l’Union et ses parties « exclusives » et passionnées avec Moulay Ahmed étaient devenues des rituelles et souvent des spectacles agréables à voir ! Lorsque ce dernier avait l’opportunité de remporter deux parties successives, par exemple, il lui signala allégrement : « America Zéro, Marruecos Dos » ! provoquant le gêne et parfois les rire de Meiden.
• Pour des raisons personnelles, Moulay Ahmed Raisuni, a dû suspendre son abonnement au Club l’Union, et délaisser sa passion. Il se signalait néanmoins par sa présence à pratiquement toutes les compétitions échiquéennes qui se déroulent à Tétouan et sa région, notamment lorsqu’il s’agit des championnats et tournois scolaires. A chaque fois, il retrouve le plaisir de jouer avec la nouvelle génération, leur prodiguant ses conseils, leur montrant des pièges d’ouverture, de petits problèmes, sans se départir de sa devise universelle « Pieza Tocada, Pieza Jugada » !
Le 05/08/2022
Radi Al Ouadoudi. Joueur Casablançais. Très actifi fin années 80 ,début années 90. Auteur de deux nulles spectaculaires face à Hicham Hamdouchi.
- Il a participé à plusieurs championnats du Maroc.
Le 05/08/2022
khaled Al Amari . Joueur Casablancais. Un habitié du Café Palais Chaouia lieu mythique des échecs Casablancais.
- Il a participé à plusieurs championnats du Maroc.
- Il a participé à des tournois en France et en Italie.
- Elo Maximal : 2174 (En 2007).
Le 04/08/2022
Bouchra Kadiri . Maitre National féminin des Echecs depuis 1983. Championne de la première édition du championnat du Maroc féminin. Fille de Feu Mokhtar Kadiri
- Championne du Maroc en 1983.
- Championne du Maroc en 1984.
Le 04/08/2022
Mustapha BAKKALI n’est plus
- Publié le mercredi 13 juillet 2005.
- Par Mohamed Moubara Ryan
Triple Champion du Maroc et ancien Président de la Fédération Royale Marocaine des Echecs (FRME), Mustapha Bakkali est décédé aujourd’hui à Tétouan, après une longue maladie ; Il était agé de 81 ans.
Feu Bakkali aura marqué de son empreinte un demi siècle du jeu d’echecs dans notre pays. Né en 1924, il fut parmi les premiers « indigènes » à adhérer au Club l’Union de Tétouan, lieu de prédilection pour les joueurs d’échecs espagnols dans le Nord du Maroc sous le protectorat. Il fit des progrès rapides, emboitant le pas à son compatriote et grand ami Driss Benabud, remportant plusieurs fois le championnant de la zone. Il disputait la Finale du Championnnat Individuel d’Espagne en 1948. Mais sur cette période, justement, on dispose de peu de documents ou d’informations précises retraçant ses exploits.
Monsieur Bakkali fut parmi les membres fondateurs de la FRME, crée en novembre 1963 à Fes ; Il en assuma la gestion effective, sans toutefois en être le président, de 1965 à 1969 lorsque cette instance, encore embryonnaire, trouvait refuge à Tétouan. IL devait remporter son premier Championnat officiel du Maroc en juillet 1965 à Tétoaun. Il réédita sa prédominance en gagnant son second titre l’année suivante, Tétouan Aout 1966.Il devint triple champion du Maroc en 1973lors d’un match mémorable et fort médiatisé, disputé à l’Hôtel Tour Hassan de Rabat, face à son coriace adversaire et double champion du Maroc Mohamed Bennis.
Feu Bakkali, dont il m’est vraiment difficile de résumer ici, à chaud, sa très longue carrière, en tant que joueur de premier plan, fut parmi l’Equipe Nationale qui disputera sa première olympiade d’Échecs en 1966 à La Havane (Cuba). Il y eut 5,5 pts sur 16 parties disputées au premier échiquier ! Aux olympiades de Lugano (Suisse) en 1968 il obtint 5,5 pts sur 17, toujours au premier échiquier, et contre de forts adversaires ; Il faut rappeler que les olympiades d’antan se déroulaient selon le système des groupes, en toutes rondes, avec des matchs très difficiles. Monsieur Bakkali évoquait toujours avec certaine fierté sa mémorable partie jouée à Lugano contre Uhlmann, le célèbre GM Est Allemand, ou il le défia dans sa propre spécialité, la Défense Française et arracha un nul méritoire après onze heures de jeu !( Monsieur Onkoud pourrait vérifier sur sa propre base de données)
Sa carrière en tant que joueur devait être pratiquement réduite, lorsqu’il fut élu à l’unanimité Président de la FRME en juillet 1975 à Tétouan ; Il aura conduit cette instance durant 11 années, fournissant des efforts inlassables pour en établir les structures, développant les activités, se bataillant contre vents et marées pour forger une place de choix pour ce noble jeu sur l’échiquier national.Feu Bakkali, s’adonnait avec ferveur à sa passion délaissant ses activités commerciales et foncières.
Fin connaisseur des rouages de la FIDE grâce à ses « réseaux hispaniques », il jouissait d’une excellente réputation au sein de cette instance internationale. Florencio CAMPOMANES, visita à deux reprises notre pays dont celle mémorable à Chefchaouen à l’occasion du 15° Championnat National Individuel (Mars 1984). Feu Bakkali fut également parmi les membres fondateurs de l’Union Arabe des Echecs.
Monsieur Bakkali, devait perdre les élections de décembre 1986 face à Monsieur Haloui de la Banque Populaire, pour des raisons qu’on ne pourrait évoquer ici. L’année suivante, l’Union Arabe des Echecs décida de lui rendre un grand hommage devant le refus stupéfiant du nouveau président de la FRME ! Feu bakkali en gardera un goût amer, bien quelque peu dissipé, grâce au Wissam du Mérite Sportif qui lui sera discerné ultérieurement par Feu Hassan II (1997 ?)
Grand Champion National, excellent joueur doué pour l’attaque (son idole préféré reste le Magicien TAL), inlassable organisateur (avec une certaine manie pour les détails), gestionnaire autoritaire à l’occasion et bon vivant avec souvent un sens inné de l’humour, Feu Bakkali restreignait ses activités, combattait courageusement sa maladie. Il n’avait jamais renié son ambition pour prendre en main, de nouveau cette fédération, où il se sentait comme un poisson dans l’eau, et étaler ses immenses ambitions pour développer les Échecs Marocains.
Depuis qu’il fut contraint d’abandonner la FRME, il a refusé certaines initiatives (bien symboliques) pour lui rendre hommage à travers un tournoi ou une activité similaire. En effet accablé par les vicissitudes du destin, il se sentait délaissé par les siens ; son attitude fut plutôt une protestation à peine dissimulée contre le manque de reconnaissance envers quelqu’un qui a tout donné pour ce noble jeu.
Que Dieu ait son âme ; Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nous retournerons.

Boujemâ Karyouch ...Fragments d’une histoire d’amitié trentenaire
Le 03/08/2022
Boujemâ Karyouch ...Fragments d’une histoire d’amitié trentenaire
- Par Mohamed Moubarak Rian
- Maroc Echecs , 19 septembre 2008.
Samedi 27 décembre 1975, au centre de la jeunesse de la Maâmoura, je viens de faire un déplacement à Rabat, en compagnie des joueurs de notre toute première association, Borj Rachidi de Chefchaouen…afin d’assister à la phase finale du 4ème Championnat National par Équipes, qui sera remporté par le Club Fassi, devant l’Association de Tétouan.
Je remarquai parmi les spectateurs, un jeune à l’allure frêle, se promenant avec des tas d’ouvrages et de revues sous les bras. On se fait rapidement les présentations d’usage : il s’appelle Boujemâ Karyouch, il rentre de France et il est correspondant de « Europe Echecs », une revue internationale du jeu d’échecs dont j’entendis parler pour la première fois. Je conclus alors mon premier abonnement, mais ce fut surtout l’amorce d’une amitié sincère, autour du noble jeu, qui s’enracinait au fil des ans. Mon impression première, que je garde toujours, est qu’il s’agit d’une personne courtoise, tolérante, passionnée des échecs, qui n’hésite pas à rendre service sans demander l’identité du bénéficiaire ni se soucier de sa contrepartie matérielle ou morale. Un Mahatma Ghandi ressuscité en terre marocaine !
Durant les quelques cinq années qui suivirent nous avons eu ensemble une correspondance abondante et échangé plusieurs dizaines de lettres autour de la thématique d’échecs. Il aura contribué indirectement à l’essor de notre club « Alwan Fannia » de Chefchaouen, à travers la couverture de ses activités échiquéennes locales ou nationales, publiées souvent avec des parties choisies par ses soins, parfois commentées, dans « Europe-Echecs », qui était le seul organe échiquéen spécialisé connu au Maroc et disponible uniquement à travers l’abonnement. A un certain moment il y avait une dizaine d’abonnés à Chefchaouen, ce qui constituait un pourcentage important pour une petite ville hors de France ! Grâce à son assistance bénévole j’ai pu m’abonner, au cours de ces années mémorables à plusieurs publications étrangères telles que : « Jaque » (Espagne), « British Chess Magazine », « Chess »(GB), « Chess Life & Review » (USA) et « Deutshe Shachzeitung » (Allemagne) sans oublier divers ouvrages acquis par son intermédiaire et autres matériaux d’échecs commandés par notre association.
Nos rencontres échiquéens directes étaient plutôt rares à l’époque, car Boujemâ, de tempérament sédentaire, n’était pas un joueur de compétition au vrai sens du terme ; il se dépensait beaucoup plus pour l’encadrement des clubs d’échecs et l’entrainement des jeunes, partout où il réside. A Mekhnès où il a créé le club de la jeunesse des PTT, puis une association baptisée « l’Ecole Meknassi des Echecs » ce qui a contribué à la détection et la formation de nombreux talents comme Mourad Bennani, ex champion du Maroc Junior ; Mais surtout à Khémisset, où il a marqué de son empreinte le formidable mouvement échiquéen qui devait métamorphoser le paysage sportif de cette ville, connue surtout pour ses prouesses en matière d’athlétisme, avec l’assistance initiale de notre ami Khalid Chorfi, triple Champion du Maroc.
Malgré cet éloignement géographique, nous avons pu disputer deux parties par correspondance (restées hélas inachevées !) et échangé de nombreuses parties, avec des commentaires réciproques, dont sa « fameuse » partie remportée face à Bachir Sbia au sommet de son niveau, en mars 1980, à l’occasion du match Casablanca versus…Reste du Maroc ! Une Est Indienne que notre ami Boujemâ pourrait commenter pour les lecteurs de ME sous un nouvel angle !
En parallèle avec ses efforts en matière d’encadrement, d’entraînement des jeunes, d’organisation de tournois et d’arbitrage ; Boujemâ se lança dès les débuts des années 80 dans la promotion des échecs à travers la presse marocaine francophone. Il fut un pionnier dans ce domaine précis, à côté de Feu Bahaoui et Abdelhafid Elamri (pour les journaux arabophones).
Ce fut, tout d’abord, dans les pages de l’Opinion ; une expérience de courte durée, car malgré ses efforts et le travail de qualité fourni bénévolement, la presse sportive était dominée plutôt par l’actualité footballistique et montrait peu de respect pour les autres disciplines ce qui finit par exaspérer notre Boujemâ ! Et pourtant, il avait élaboré de belles idées pour sa chronique, restées à l’état brut, et il fallait attendre les débuts des années 90 pour tenter une autre expérience sérieuse avec l’appui de Feu Kamal Skalli, à travers Al Bayane, organe du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Boujemâ n’hésitait jamais à demander l’avis des ses amis concernant le contenu de ses chroniques, mais ses initiatives avaient un sentiment d’inachevé, car à un moment donné il devait mettre fin amèrement à ses projets , sans pour autant affecter son optimisme naturel. Au cours des années 80, toujours, j’ai rendu visite à Boujemâ chez lui (167 Rue des Acacias à Meknès, une adresse qui habite encore ma mémoire !) et à Moulay Driss, en compagnie de mon frère Kacem, où il a passé une période transitoire avant de s’installer définitivement à Khémisset.
C’est là que j’ai pu le voir travailler telle une fourmi à l’occasion de ses tournois Opens ou par équipes organisés au cours de cette période florissante ; Mais je devais attendre jusqu’à juillet 2007 pour rencontrer Boujemâ, en chair et en os à Chefchaouen, malgré ses affinités avec notre petite ville. C’était l’occasion de constater que cet amoureux du noble jeu n’a guère changé après plus de trente ans d’amitié : se dépensant sans compter, fournissant un travail herculéen au détriment de sa santé fragile, et veillant toutes les nuits pour présenter des infos, des documents et affiner ses outils échiquéens de qualité. Je suis heureux que notre site Maroc – Echecs, a permis à de nombreux lecteurs, surtout parmi les jeunes, de découvrir l’immense connaissance échiquéenne de notre ami Boujemâ, et d’apprécier ses contributions techniques de haute qualité, mises gracieusement à la disposition de tous les échéphiles, et de constater aussi l’énorme gâchis d’une fédération qui n’a pas su ou voulu tirer profit de cette précieuse éminence échiquéenne.
Comme quoi… " la mauvaise monnaie chasse toujours la bonne". Enfin, je me réjouis de pouvoir rencontrer Boujemâ, quotidiennement, au sein de Maroc-Echecs, en tant que Rédacteur en Chef- Adjoint, accomplissant sa mission avec enthousiasme et maestria, renouant ainsi avec sa vocation première de journaliste échiquéen ; en attendant un changement radical dans la scène sportive nationale, et l’émergence d’une véritable instance fédérale susceptible de mettre sa riche expérience en valeur... "L’optimisme est de volonté ", n’est-ce pas mon cher Boujemâ ?!
Commentaire du 20 septembre 2008, par Boujemâ Karyouch ...
Cher Moubarak, Quand j’ai ouvert Maroc-Echecs comme d’habitude en cette nuit de vendredi à 22h, j’ai été frappé par l’annonce de ton article me concernant. Karyouch avec le « y », c’est toute une histoire ce « y » qui maintenant a laissé la place au « i » par une inattention d’un fonctionnaire d’état-civil. « Fragments d’une histoire d’amitié trentenaire » tout au long de sa lecture m’a ému. Fortement ! Autant il me remémore le début et un parcours de ma vie échiquéenne notamment avec Chefchaouen ce qui explique bien sur mon « affinité » très particulière avec Alouane Fannia, autant notre amitié qui est resté la même pleine de respect, de franchise, de fraternité réciproque. « Fragments d’une histoire d’amitié trentenaire » est pour moi un trésor incommensurable. C’est naïf. Mais c’est la réalité. Un témoignage d’un parcours d’un dingue des échecs. Il vaut plus que les hommages rendus par la fédération, il vaut plus que tous les titres. Il me confirme que gagner le respect vaut tout l’or du monde. A travers toi, ce sont des tranches de ma vie qui passent devant moi et qui me dise que si c’était à refaire je le referais. Nice, Marseille, Meknès, et Khémisset maintenant…Des villes, des arènes de combats pour les Echecs et ses gens. Et cela continue toujours. Tu comprendras le pourquoi de ma redondance au sujet de la problématique fédérale. De voir ce sport toujours en « arrière » alors que pourtant les choses sont simples pour peu qu’un travail sérieux et désintéressé suit son cours normal. Après ces années nous en sommes encore de plein pied dans la bêtise à causes d’hommes qui ne comprennent pas ce qu’on les échecs. Et n’ont pas la volonté réelle de se mettre aux services de ses composantes dans le sens qui doit l’être. Effectivement, je n’ai jamais compris pourquoi les responsables fédéraux ne m’ont jamais donné une petite chance de travail sérieux dans un cadre sérieux. Peut-être que je dérangeai par mes idées qui allaient vers le bas (les gens) pour remonter vers le haut (les structures). Car j’ai toujours pensé que se pencher d’abord sur les composantes de notre sport était essentiel pour avoir une fédération forte qui remplit son rôle. C’est toujours le contraire qui se fait. Mais enfin, laissons cette question qui reste ouverte à de multiple eternel point de vue discordant. Ton témoignage me rend fort, balaye d’un coup toutes les fatigues, les frustrations. Je suis fier de ton amitié, de cette ville de Chefchaouen fief d’Alouane Fannia qui m’a bercé, admiratif, dans une épopée fantastique, inoubliable car marquante, durant des années. Cette amitié n’a pas de prix, car c’est elle qui restera et que j’emporterais avec moi. Je suis fier aussi de ce Maroc des Echecs, en dépit de ses insuffisances qui ne résisteront pas, tôt ou tard, à l’inévitable volonté de changement. Je suis fier de connaître toutes ces personnes, dirigeants, cadres, joueurs (ses), parents. C’est ma seule grande famille ! C’est le seul bien que je possède dans cette vie. Puis-je être toujours à la hauteur de l’estime et de leur respect. Merci Moubarak ! Merci Maroc Echecs ! Merci également à Abdelhafid El Amri. "Les années passent et nous en sommes toujours là !!!" N’est-ce pas Abdelhafid ? Que Dieu vous Bénisse tous ! Boujemâ Kariouch
Commentaire de Moubarak
Boujemâ Karyouch , en attendant...
cher Boujemâ, Lorsque j’écrivais ce modeste article, mon intention était uniquement de témoigner d’une amitié sincère qui a transcendé plus de trois décennies, et non de te rendre hommage ; Car j’estime que tu mérites une reconnaissance ample et générale pour tout ce que tu as fait pour la promotion, la formation et le développement de notre fantastique discipline. Je comprends ton amertume pour l’attitude incompréhensible dans diverses instances fédérales qui ont laissé à la marge, une personne compétente laborieuse disposée à mettre toute son expérience et, son savoir faire et son amour des échecs à la disposition des dirigeants de la FRME. Et lors des peu d’occasions qui t’ont été offertes (Stages de formation d’entraineurs à FES 2004 & Settat 2005 par exemple), tu as constaté un manque de sérieux et surtout le peu de respect pour les programmes que tu présentais. La raison profonde de ce gâchis est l’absence de structures rationnelles, et d’une gestion participative dans cette discipline réputée pourtant pour être intellectuelle. Et cette tâche difficile ne pouvait être confiée à un "meneur d’hommes" qui manquait de compétence, d’expérience échiquéenne, de relations et de sens de communication, avec un caractère susceptible et impulsif de surcroit. Et il faut s’armer de ton optimisme naturel pour espérer un changement dans un proche avenir... Bien cordialement et à Bientôt.
Post-scriptum : " Ce témoignage spontané, publié en septembre 2008 sur maroc-echecs, voulait rendre hommage et surtout encourager notre cher ami Boujemaâ qui souffrait physiquement et moralement (attitude disgracieuse de la FRME), alors qu'il se dévouait sans relâche pour promouvoir le noble jeu, la discipline qu'il vénérait toute sa vie. Il devait s'éteindre le 03 septembre 2011 à l'âge de 55 ans, laissant un vide énorme sur l'espace de la communication échiquéenne et l'encadrement technique, notamment des jeunes... Son image est toujours vivante auprès de tous ceux qui l'ont connu. Que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde."